Maroc : Entre slogans, insultes et vandalisme, les lycéens manifestent contre le gouvernement

Narjis Rerhaye (A Rabat)

Au Maroc, la protestation des collégiens et lycéens a investi la rue. Depuis lundi 12 novembre, les élèves des établissements scolaires du cycle secondaire ont quitté leurs collèges et lycées pour manifester un peu partout dans les grandes villes du royaume.
A Fès, Casablanca, Rabat ou encore Marrakech, Meknès et Taza, ils ont crié leur refus des nouveaux horaires scolaires imposés par le changement d’heure légale au Maroc. La contestation lycéenne a gagné même le Maroc profond. A Boulemane par exemple, plusieurs manifestations ont été signalées dans la journée de lundi.

«Le peuple veut le changement d’heure», «Vos enfants vous les avez éduqués, et les enfants du peuple vous les jetez dans la rue» : les slogans portent toute la colère des élèves qui ne savent plus à quelle horaire se vouer depuis que l’Exécutif conduit par l’islamiste Saadeddine Elotmani a décidé d’adopter de manière brutale et précipitée le GMT+1.

A Rabat, plusieurs centaines de jeunes adolescents ont tenu un sit in devant le Parlement. « Ils sont venus des lycées de la capitale, et de la ville de Salé. Ils avaient leurs cartables accrochés dans le dos. Ils ont porté dans la rue la colère de leurs parents. La plupart de ces jeunes étaient vraiment dans la contestation. Pour d’autres, c’était un peu la récréation après la récréation et surtout une occasion de ne pas aller en cours », témoigne un enseignant qui a suivi jusqu’au bout la manifestation.

La manifestation de Rabat a eu son lot de dérapages largement rapportés par les réseaux sociaux. Devant le Parlement, des jeunes ont brûlé le drapeau national. Le chef de gouvernement a été insulté en des termes aussi choquants que vulgaires. Des jets de pierres ont cassé des pare-brises. Des actes de vandalisme ont également été constatés tandis que le tramway reliant Rabat à Salé a été immobilisé par une horde de jeunes sur le pont de Moulay Hassan. « La contestation pacifique d’élèves voulant être impliqués dans un processus décisionnel a été tout simplement gâchée par des casseurs, habitués au vandalisme d’après match de football, » soutient cet acteur associatif.

L’absence d’encadrement d’une jeunesse en perte de repère et de valeurs est également mise en avant. « D’un côté des jeunes livrés à eux-mêmes en perte de repères qui piétinent notre drapeau, de l’autre des jeunes engagés, motivés, encadrés au sein d’associations, qui œuvrent au quotidien pour rendre notre société meilleure…Tous ces jeunes sont capables DU MEILLEUR, si l’on fait l’effort de les écouter, de leur faire confiance, de leur transmettre des valeurs, de leur donner un cadre de vie, des lieux d’expression et d’action !

Bien sûr piétiner notre emblème national est hautement condamnable mais j’ai lu bien plus d’appels à la prison que de propositions d’éducation, de sensibilisation et de discussion.Quant aux jeunes engagés au sein d’associations, qui les soutient ? Qui leur donne les moyens ? Qui les rejoints ? J’ai lu bien plus de critiques gratuites de leur action que d’encouragements…

La question est : que voulons nous faire de notre jeunesse, quelles perspectives lui donnons nous, quel modèle de société lui offrons nous ? », se demande sur sa page Facebook Ahmed Ghayat, président de Marocains Pluriels.

Le gouvernement saura-t-il prendre la mesure de toutes ces protestations sociales qui gagnent les rangs d’une jeunesse prête à en découdre ? C’est la question qui n’en finit pas de se poser face au silence assourdissant de partis politiques ayant longtemps tourné le dos à cette catégorie de la population. La réaction du ministre de l’éducation nationale ne pousse pas en tout cas à l’optimisme. Ce même lundi 12 novembre, devant les députés, il a accusé des parties qu’il ne nommera pas, d’inciter les élèves à la protestation.

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