Les « patrons » de la SNCF et de Réseau ferré de France sommés de s’expliquer sur une « bourde » qui va coûter des dizaines de millions d’euros
La commission du développement durable de l’Assemblée nationale française va auditionner les présidents de la SNCF et de Réseau ferré de France (RFF), Guillaume Pepy et Jacques Rapoport, sur l’affaire des trains trop larges, annonce son président Jean-Paul Chanteguet (PS).
Le Canard enchaîné a révélé mardi que la SNCF avait commandé 2.000 rames plus larges que les rames actuelles, mais que quelque 1.300 quais anciens étaient trop étroits pour les accueillir.
Guillaume Pepy et Jacques Rapoport, les présidents de la SNCF et de RFF seront auditionnés "dans les plus brefs délais" par la commission du développement durable de l’Assemblée nationale, a annoncé son président Jean-Paul Chanteguet (PS).
Le secrétaire d’Etat aux Transports Frédéric Cuvillier a demandé sur France Inter une "enquête interne" aux dirigeants.
Le gouvernement et plusieurs responsables politiques ont dénoncé les dysfonctionnements d’un système ferroviaire où les fonctions de gestion (RFF) et d’utilisation des rails (SNCF) sont distinctes et jugé que cette affaire justifiait totalement la future réforme ferroviaire.
Mais les principaux syndicats de cheminots, qui manifesteront jeudi à Paris contre la réforme, affirment qu’elle fera au contraire éclater le système ferroviaire en trois entités autonomes. (voir )
Le Premier secrétaire du Parti socialiste a évoqué sur i>,Télé la démission des dirigeants de la SNCF et de RFF.
"La responsabilité des dirigeants est engagée", a estimé Jean-Christophe Cambadélis. "Je crois qu’il ne faut pas laisser passer ça. (…) Quand il y a une telle erreur qui coûte tellement d’argent, on en tire les conséquences."
Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a jugé le problème "affligeant".
"Il faut trouver les responsabilités pour voir que ça ne se reproduise pas", a-t-il dit sur RTL, rejetant toutefois l’idée de sanctions.
PAS DE "BOULETTE", SELON RFF
Le président de RFF a nié pour sa part toute "boulette", assurant que le confort du transport, notamment l’accueil de personnes à mobilité réduite, nécessitait aujourd’hui des rames au "maximum du gabarit possible".
Les quais "ont 150 ans d’âge, les trains sont neufs : à chaque nouveau matériel roulant, il faut adapter l’infrastructure", a-t-il plaidé sur Europe 1.
"Cette modification va coûter 50 millions (…), soit 1% du coût du matériel roulant", a-t-il précisé, ajoutant que le budget annuel de RFF était de huit milliards d’euros.
Selon le Canard enchaîné, RFF a tenté d’obtenir le soutien financier des régions pour raboter les quais.
Mais Jacques Rapoport a affirmé que les dépenses seraient financées dans le cadre normal du financement du réseau et qu’elles n’auraient "aucun impact ni sur les voyageurs, ni sur le prix du billet, ni sur le contribuable".
Pour Stéphane Le Foll, le porte-parole du gouvernement, l’affaire des trains trop larges "justifie d’autant plus" le projet de réforme ferroviaire qui doit être examiné en première lecture à l’Assemblée nationale le 16 juin.
Dans la perspective de l’ouverture du secteur à la concurrence, la réforme prévoit notamment la création d’un groupe public industriel intégré.
Il sera composé d’un établissement public à caractère industriel et commercial (Epic) nommé "SNCF" et de deux Epic, "SNCF Réseau", le gestionnaire d’infrastructure – l’actuel Réseau ferré de France (RFF) – et "SNCF Mobilités", qui exploitera les trains.
L’établissement mère sera dirigé par un directoire composé des présidents de SNCF réseau et SNCF Mobilités, nommés par l’Etat.
Pour la CGT des cheminots, cet éclatement en trois entreprises "autonomes, sans aucune cohérence économique, sociale et technique, va encore accentuer de telles aberrations qui vont coûter des dizaines de millions d’euros".