Les ministres priés de passer leurs vacances en France
Nicolas Sarkozy a demandé mercredi à ses ministres de privilégier désormais la France pour leurs vacances, afin de faire taire les polémiques sur les invitations de membres du gouvernement par des pays étrangers.
"Ce qui était commun il y a encore quelques années peu choquer aujourd’hui. Cela doit donc être strictement encadré", a fait valoir le président français.
Nicolas Sarkozy et François Fillon s’efforcent de mettre fin à une vive polémique déclenchée par les vacances tunisiennes en décembre de la ministre des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, et celles du Premier ministre en Egypte, également en fin d’année.
Les autorisations de ces voyages à l’étranger devront donc être données "en accord avec la cellule diplomatique de la présidence de la République pour examiner leur compatibilité avec la politique étrangère de la France", a précisé Nicolas Sarkozy. Leurs modalités "seront examinées par le secrétariat général du gouvernement, qui les autorisera ou les interdira".
Le Premier ministre avait auparavant fait une communication sur la prévention des conflits d’intérêt.
Le chef de l’Etat a lui-même passé quelques jours au Maroc lors des fêtes de fin d’année. Selon l’hebdomadaire satirique Le Canard enchaÂŒné, il a en outre passé le week-end dernier à New York, où il se serait rendu directement de Varsovie à bord d’un avion de la flotte gouvernementale.
Il est reproché à Michèle Alliot-Marie d’avoir emprunté à deux reprises en Tunisie l’avion privé d’un homme d’affaires tunisien, alors que le mouvement social qui a emporté le régime du président Zine Ben Ali à la mi-janvier commençait à monter.
François Fillon a pour sa part reconnu avoir séjourné à Assouan, en Egypte, du 26 décembre au 2 janvier, avec épouse et enfants, à l’invitation des autorités égyptiennes, trois semaines avant les émeutes contre le président Hosni Moubarak.
Il a également admis avoir emprunté un avion gouvernemental égyptien pour une excursion à Abou Simbel et effectué une sortie en bateau sur le Nil à l’invitation des autorités égyptiennes.
"Nous devons impérativement favoriser la diffusion d’une véritable culture de la déontologie dans la vie publique", a dit Nicolas Sarkozy dans sa communication en conseil des ministres.
"Ce n’est en effet qu’en étant irréprochables que les personnes qui exercent de hautes responsabilités renforceront la confiance des citoyens dans les institutions de l’Etat", a-t-il ajouté. "Cette confiance est indispensable parce qu’elle est au fondement même de notre contrat social."
Le chef de l’Etat a souligné que les exigences en matière de morale publique s’étaient considérablement accrues ces dernières années et qu’il convenait "de le comprendre et d’en tirer les conséquences".
"Les attentes des citoyens sont plus vives que par le passé et elles sont légitimes. Il est de notre devoir de ne pas les décevoir", a-t-il insisté à la veille d’une intervention à la télévision, face à un panel de Français.
Il a ainsi fait valoir que les Français étaient en droit d’exiger de toute personne qui gouverne ou exerce des responsabilités publiques une réelle transparence.
L’opposition réclame la démission de Michèle Alliot-Marie.
Selon une source proche du gouvernement, Nicolas Sarkozy aurait envisagé de se séparer d’elle le week-end dernier et de la remplacer par Alain Juppé ou Bruno Le Maire, respectivement ministre de la Défense et de l’Agriculture.
Les révélations sur le voyage égyptien du Premier ministre l’en auraient cependant dissuadé. "Virer MAM ça serait fragiliser Fillon", explique-t-on de même source. "Le fait que Fillon soit embarqué dans une affaire similaire protège MAM."