Le salaire des fonctionnaires français gelé en 2011
Le ministre français du travail, Eric Woerth, a maintenu mercredi 30 juin son engagement d’augmenter le point d’indice des 5,2 millions de fonctionnaires de 0,5 % au 1er juillet, mais annoncé qu’il serait gelé en 2011, provoquant la colère des syndicats de la fonction publique
Georges Tron [secrétaire d’Etat à la fonction publique] et moi avons proposé de tenir les engagements du gouvernement pour 2010, c’est-à-dire d’augmenter le point d’indice de 0,5 % au 1er juillet (…) ce qui donne une augmentation du pouvoir d’achat de 3,4 %", a déclaré Eric Woerth en sortant d’une réunion de négociations sur les salaires avec les huit fédérations de fonctionnaires (CGT, CFDT, FO, FSU, CFTC, CGC, UNSA, Solidaires).
Pour 2011, Eric Woerth a précisé que le gouvernement allait "proposer la stabilisation du point d’indice". Concernant 2012 et 2013, le ministre a expliqué qu’il ne voulait "pas préempter la croissance ou ce que sera la situation économique ou budgétaire de la France". "Nous proposons tout simplement de remettre les discussions sur 2012 et 2013 parce que c’est loin (…) en termes de situation économique et budgétaire", a-t-il ajouté. Dans le même esprit, Georges Tron a indiqué que ces futures discussions tiendraient compte "de l’évolution de la situation économique générale" et "pas simplement (…) de la croissance".
APPEL À LA MOBILISATION DES FONCTIONNAIRES
Après environ une heure de discussion, les syndicats, qui affirment que les fonctionnaires ont perdu 9,18 % de pouvoir d’achat depuis 2000, ont quitté la salle et fait part de leur insatisfaction, considérant qu’il ne s’agissait "pas de véritables négociations".
Dans une déclaration commune des huit organisations, lue par Bernadette Groison, secrétaire générale de la FSU, ceux-ci estiment que les discussions salariales pour "2012 et 2013 sont renvoyées à d’hypothétiques rencontres d’ores et déjà placées sous de sombres auspices". La perspective d’un blocage des rémunérations jusqu’en 2013 avait indigné les syndicats lors de la précédente réunion de travail, qui avaient évoqué la perte de 8 % de pouvoir d’achat dans la fonction publique.
"Tous les pays qui nous entourent et qui sont affectés par la crise ont pris des mesures de diminution et ensuite des mesures de gel. Nous, nous ne faisons pas ça", s’est défendu Georges Tron, qui a fait valoir d’autres mesures annoncées en compensation. Parmi elles, la redistribution aux agents des fonctions publiques d’Etat, territoriale et hospitalière de 50 % des économies réalisées par le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant en retraite.
Cette mesure coûtera 500 millions d’euros par an, mais n’a pas suffi à calmer les syndicats, qui ont appellé "l’ensemble des agents à se mobiliser", sans donner de date, alors qu’une journée nationale intercatégorielle pour le 7 septembre a été décidée mardi par les confédérations. "La seule raison pour laquelle le gouvernement a maintenu les 0,5 % et n’a pas annoncé de gel pour 2012 c’est parce que le rapport de force existe, que les agents de la fonction publique se sont mobilisés de manière unitaire et qu’ils sont de nouveau prêts à le faire", a déclaré Jean-Marc Canon, de la CGT.
"On est révoltés, un gel est prévu l’année prochaine et certainement pour les années suivantes, même si le ministre n’a pas voulu l’annoncer ce soir. Quant au petit 0,5 % qu’il a daigné accorder, c’était un engagement du gouvernement", a déclaré Jean-Michel Nathanson (Solidaires). Lors des discussions salariales de 2008, le gouvernement s’était engagé à augmenter de 0,5 % les salaires au 1er juillet 2010 et d’un même pourcentage au 1er juillet 2011.