"J’ai déjà vu le pape à Rome, mais cette fois j’espère pouvoir lui tenir la main ou au moins le prendre en photo", a dit à l’AFP Anita Wong, une cheffe d’entreprise de 61 ans, venue exprès de Hong Kong avec une amie pour vivre sa foi catholique.
De nombreux groupes de pèlerins qui se sont déplacés à pied depuis plusieurs régions du Portugal affluaient sous un ciel orageux vers l’esplanade du sanctuaire, certains parcourant à genoux les derniers mètres qui mènent à la petite Chapelle des apparitions pour prier devant la statue de Notre-Dame de Fatima.
"Le sentiment du devoir accompli que l’on ressent en arrivant, c’est quelque chose d’indescriptible", a témoigné José Manuel Pinheiro, 42 ans, au terme d’un périple de sept jours entamé à Povoa do Varzim, ville du nord située à 240 km de là.
Il effectue ce pèlerinage à pied chaque année, depuis que sa femme a été guérie d’une maladie diagnostiquée en 2007. "C’est la première fois que je vais voir le pape François, donc cette année ce sera différent", a-t-il ajouté.
Le pape argentin, qui voue une intense dévotion à Marie et apprécie la vitalité de la piété populaire qu’il a connue auprès des plus modestes en Amérique latine, a annoncé qu’il venait pour vingt-quatre heures en "pèlerinage".
"Je viendrai au milieu de vous dans la joie de partager avec tous l’Evangile de l’espérance et de la paix", a-t-il déclaré mercredi dans un message vidéo adressé aux Portugais.
Le pèlerin hors norme partira vendredi à 14h00 (12h00 GMT) de Rome pour une arrivée prévue à 16h20 (15h20 GMT) à la base aérienne militaire de Monte Real, au nord de Lisbonne.
Il sera accueilli à sa descente d’avion par le président de la République, Marcelo Rebelo de Sousa, avec qui il aura une rencontre privée.
François partira ensuite directement par hélicoptère à Fatima, distante d’une quarantaine de km, pour faire une entrée triomphale après 18h00 (17h00 GMT) au sanctuaire marial à bord d’une "papamobile" acheminée spécialement de Rome.
Le pontife argentin priera seul vendredi à la Chapelle des apparitions, érigée à l’endroit même où, selon des croyances populaires catholiques, la Vierge est apparue le 13 mai 1917 à trois petits bergers de cet humble village, au beau milieu du tumulte de la Première Guerre mondiale.
Quelque 400.000 pèlerins pourront se rassembler sur la gigantesque esplanade au pied de la basilique de Fatima afin d’assister à une prière publique et une bénédiction du pape François. D’autres centaines de milliers de pèlerins se contenteront d’écrans géants pour apercevoir le souverain pontife.
A la nuit tombée, les fidèles suivront une traditionnelle procession aux flambeaux, occasion d’un deuxième salut très attendu du pape.
Le lendemain, 13 mai, date du centenaire des premières apparitions mariales aux trois enfants, constituera le temps fort du pèlerinage. Francisco et sa soeur Jacinta, morts très jeunes de la grippe espagnole, seront déclarés saints par le pape lors d’une messe de canonisation.
La Vierge serait apparue à six reprises de mai à octobre 1917 à Jacinta, Francisco et leur cousine Lucia, âgés de 7 à 10 ans. Elle leur aurait révélé un message divisé en trois "secrets" jugés prophétiques de l’Histoire du XXe siècle par l’Eglise catholique.
La venue du pape à l’occasion des célébrations du centenaire des apparitions a poussé les autorités portugaises à déployer un dispositif de sécurité d’une ampleur inédite, qui mobilisera chaque jour quelque 6.000 membres des forces de l’ordre et des services de secours.
Les contrôles aux frontières ont été rétablis depuis mercredi, la circulation automobile sera totalement interdite aux abords du sanctuaire, l’espace aérien surplombant l’enceinte sera fermé et un dispositif de brouillage des signaux électroniques empêchera le vol de drones.
Jusqu’ici épargné par la vague d’attaques terroristes qui ont frappé l’Europe ces dernières années, le Portugal se souvient encore de la tentative d’attentat perpétrée à Fatima contre Jean Paul II, le 12 mai 1982, par un prêtre espagnol intégriste armé d’une baïonnette.
Le Portugal n’a cependant pas jugé nécessaire de relever son niveau d’alerte, qui reste à un degré modéré, 3 sur une échelle de 5.
afp