Le groupe français Total décide de l’après-Margerie, poursuite de l’enquête à Moscou

Le géant pétrolier français Total devait décider mercredi matin de l’après-Christophe de Margerie, son patron de 63 ans tué lundi en Russie dans la collision de son avion avec un chasse-neige dont le chauffeur a plaidé une perte de « repères ».

Un conseil d’administration exceptionnel était organisé mercredi à 08H30 GMT au siège de Total dans la banlieue parisienne, ont indiqué à l’AFP des sources syndicales. Il vise à mettre en oeuvre la transition à la tête du groupe pétrolier, première entreprise française par ses bénéfices.

Le président d’honneur du groupe, Thierry Desmarest, figure en bonne position pour assurer l’intérim.

Christophe de Margerie n’avait pas publiquement désigné de successeur. Le futur patron du géant pétrolier aux 100.000 employés, qui affichait en 2013 un chiffre d’affaires de 189,5 milliards d’euros, devrait être choisi en interne, une tradition chez Total.

Parmi les responsables de Total susceptibles de succéder à Christophe de Margerie, les noms de Patrick Pouyanné, directeur général de la branche Raffinage-Chimie et de Philippe Boisseau, qui dirige la branche Marketing & Services et Energies nouvelles, reviennent souvent.

Le futur patron sera confronté aux défis d’une croissance moindre de la production d’hydrocarbures, d’une crise du raffinage en Europe et des retards pris dans le développement de certains projets.

Il aura aussi à trouver une solution pour réduire les surcapacités dans le raffinage en Europe, une volonté également affichée fin septembre mais non détaillée, même si aucun plan social ne devrait toucher la France.

Christophe de Margerie, qui avait sillonné le monde et les plus de 130 pays où Total est représenté, sera inhumé dans l’intimité à Saint-Pair-sur-Mer, une petite commune de l’ouest de la France, "a priori après une cérémonie officielle avec des personnalités à Paris", selon des sources officielles concordantes.

– Ebriété, erreur d’aiguillage ou mauvaise météo? –

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Le conducteur du chasse-neige, accusé par les enquêteurs russes d’ébriété au moment de l’accident, a déclaré avoir "perdu ses repères" et n’avoir pas entendu l’avion arriver sur son véhicule.

Placé en garde à vue pour 48 heures, cet homme de 60 ans qui, selon la chaîne russe Pervyi Kanal, travaille à l’aéroport moscovite de Vnoukovo depuis 10 ans, est apparu pour la première fois dans des images "amateur" réalisées lors de son interrogatoire par des enquêteurs.

"J’ai perdu mes repères et je ne me suis pas rendu compte que j’entrais sur la piste de décollage, donc on peut considérer que j’y suis entré", déclare l’homme sur ces images apparemment prises par un téléphone portable.

"L’avion était en train de décoller, je ne l’ai pratiquement pas vu ou entendu parce que ma machine fonctionnait (et faisait du bruit) et qu’il n’y avait pas de lumière", ajoute-t-il sans qu’il soit possible de déterminer s’il parle des feux de position du Falcon 50 ou de balises lumineuses sur la piste.

"Et il y a eu le choc", conclut le conducteur qui doit être présenté devant un juge dans la journée.

Alors qu’il décollait, l’avion d’affaires de Christophe de Margerie a percuté le chasse-neige. Outre le patron de Total, deux pilotes et une membre d’équipage ont péri dans l’accident.

Le rôle du conducteur du chasse-neige, la responsabilité des aiguilleurs du ciel, ainsi qu’une possible erreur des pilotes et la météo, sont au centre des investigations des enquêteurs russes, épaulés par trois spécialistes français du Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA), deux conseillers techniques de la compagnie Unijet qui opérait le jet et un conseiller de Dassault Aviation, avionneur du Falcon détruit.

Le rôle des enquêteurs du BEA sera d’apporter une expertise purement technique sur les circonstances de l’accident, et non pas de déterminer les responsabilités pénales, qui sont du ressort de la justice russe.

L’organisme dispose notamment des moyens techniques et d’équipes spécialisées capables de lire et d’analyser les "boîtes noires" qui enregistrent tous les paramètres du vol et les conversations dans le cockpit.

Dans un premier temps, le comité d’enquête russe a évoqué "une erreur des aiguilleurs du ciel et les actes du conducteur de la déneigeuse", qui "était en état d’ivresse". Il a aussi avancé "les mauvaises conditions météorologiques et une erreur de pilotage".

L’avocat du conducteur du chasse-neige a démenti l’état d’ébriété de son client.

Mardi, les hommages de responsables économiques et politiques se sont multipliés en France, mais aussi en Russie, où le patron de Total était considéré comme "un vrai ami" du pays, selon les mots de son président Vladimir Poutine.

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