Le gouvernement français dans l’embarras à propos du passeport diplomatique d’un ex-collaborateur de Macron

Le gouvernement français a continué vendredi de subir les critiques de l’opposition à propos d’informations de presse selon lesquelles Alexandre Benalla, ancien proche collaborateur du président Emmanuel Macron, aurait conservé et utilisé à l’étranger un passeport diplomatique après son limogeage.

Sommés de s’expliquer par les partis d’opposition, la présidence et le ministère des Affaires étrangères ont publié plusieurs communiqués, sans parvenir à éclaircir cette situation embarrassante.

M. Benalla, limogé de la présidence pour violences envers un manifestant en juillet, a ravivé la polémique en affirmant vendredi entretenir des "relations" et des "échanges réguliers" avec "certains membres de la présidence". Dans une lettre adressée au cabinet d’Emmanuel Macron, il affirme toutefois que ses activités actuelles de consultant n’ont "aucun lien" avec le palais présidentiel de l’Elysée.

La présidence a affirmé qu’elle "ne dispose d’aucune information" sur l’utilisation par Alexandre Benalla des deux passeports diplomatiques qu’il avait obtenus dans le cadre de ses fonctions. Elle a précisé qu’elle avait demandé au ministère des Affaires étrangères d’en obtenir la restitution dès le licenciement de l’ex-chargé de mission.

Le ministère a déclaré avoir réclamé à deux reprises – en juillet et septembre – les passeports à M. Benalla. En vain.

Au vu des informations de presse sur un usage indu de ces documents officiels – que le ministère n’a pas confirmé -, le ministre Jean-Yves Le Drian a décidé de saisir la justice.

De son côté, Alexandre Benalla a fait savoir via son entourage qu’il avait récupéré "début octobre" les passeports.

"Il y a quelques personnes qui sont de grands chefs d’entreprises qui en ont eu, après en avoir fait la demande, au titre de leurs activités privées. Il n’y a rien d’extraordinaire", affirme cette source.

Selon le site Mediapart, M. Benalla a utilisé un passeport diplomatique "ces dernières semaines pour entrer dans différents pays africains ainsi qu’en Israël". Il s’est notamment rendu début décembre au Tchad, où il a rencontré le président Idriss Déby, quelques semaines après un voyage du président Macron dans ce pays.

M. Benalla a confirmé mercredi avoir accompagné au Tchad "une délégation économique étrangère dans le cadre d’investissements qu’ils vont effectuer sur place", pour un projet industriel de 250 millions d’euros.

Selon son entourage, il fait "du consulting" et est en train de monter son entreprise en France: "Tout est carré et légal". Il a commencé ses missions "à partir de mi-novembre" et ses "premières missions sont dans le domaine de la sécurité".

Cet imbroglio tombe mal pour Emmanuel Macron, toujours empêtré dans la crise des "gilets jaunes", qui promettent de nouveaux rassemblements contre sa politique sociale et fiscale ce weekend.

Alexandre Benalla avait déjà déclenché une tempête politique l’été dernier après la diffusion d’images le montrant en train d’interpeller violemment des manifestants le 1er mai alors qu’il n’avait aucune prérogative policière.

L’opposition a réclamé en choeur "la vérité" à l’Elysée, voire à Emmanuel Macron lui-même.

"Nous demandons d’abord des explications à l’Elysée. M. Benalla n’est pas un agent autonome. Qui peut croire cette fable?" a lancé Gilles Platret, un porte-parole des Républicains (droite).

"C’est au président de dire la vérité sur cette affaire", a renchéri Laurence Sailliet, autre porte-parole des Républicains.

Le numéro un du Parti socialiste Olivier Faure a estimé que cette nouvelle affaire pouvait "devenir un danger pour la République".

Dans la majorité même, les révélations créent un malaise. Cendra Motin, députée du parti présidentiel, a déploré une "faute" et un "dysfonctionnement grave" des services de l’Elysée.

Au Sénat, dominé par l’opposition de droite, certains membres de la commission d’enquête qui a entendu Alexandre Benalla sur l’incident du 1er mai, réclament de l’entendre à nouveau.

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