Le Britannique Chris Froome, Vainqueur désigné du Tour de France

Vainqueur désigné du Tour de France, Chris Froome a fait une entrée remarquée dans le grand monde du cyclisme après un parcours atypique, de Nairobi à Monaco en passant par l’Afrique du Sud et l’Italie.

Le Britannique Chris Froome, Vainqueur désigné du Tour de France
Sa silhouette filiforme, son teint diaphane, son sourire timide et sa voix calme le feraient passer pour un gentil garçon. Mais sa domination physique et son sang-froid sur la centième édition de la Grande Boucle lui ont valu le surnom de "nouveau Cannibale", en référence au quintuple vainqueur de l’épreuve Eddy Merckx.

Sa détermination sur un vélo a tracé une voie inédite vers le succès, loin de celle des champions de la "vieille Europe". Enfant, il n’a pas été bercé aux grandes épopées, il n’admirait pas les champions, ne rêvait pas de gagner le Tour de France.

Ce fils d’expatriés britanniques, âgé de 28 ans, est né à Nairobi, terre vierge du cyclisme. C’est sa mère qui l’a poussé vers le vélo.

"Elle avait besoin de quelqu’un pour canaliser sa prodigieuse énergie, raconte David Kinjah, son premier entraîneur et mentor. La première fois qu’il est venu avec son BMX, il était tout timide".

Après cette rencontre, le garçon passe une bonne partie de ses jeunes années à sillonner le Rift sur son VTT. Puis il quitte à l’adolescence les hauts plateaux de l’Est pour l’Afrique du Sud où il suit son père, qui vient de divorcer.

Virage raté

Après une brève parenthèse (rugby, cricket), il renoue avec le cyclisme en parallèle de ses études d’économie à l’Université de Johannesburg. C’est là qu’il découvre l’existence du cyclisme sur route, de véritables équipes organisées, de courses… Et la possibilité de faire carrière.

A l’époque, il se distingue pourtant davantage par son originalité que par ses performances.

Il s’inscrit lui-même aux Mondiaux-2006 Espoirs en piratant une boîte mail de la Fédération kényane. Lors du contre-la-montre, il se fait remarquer… en ratant le premier virage et en allant s’empaler sur un organisateur !

En 2007, on lui propose de rejoindre le Centre mondial du cyclisme qui réunit les coureurs prometteurs des pays dits en développement. Les premiers tests médicaux révèlent des qualités physiques rares.

"J’ai décidé de prendre une année sabbatique et faire le pari du cyclisme: arrêter les études, donner le maximum au cyclisme pendant un an et sinon revenir aux études, raconte-t-il. Je suis venu en Europe pour ma première course, le Tour des régions (italiennes) et j’ai gagné une étape de montagne. C’est ça qui a incité Barloworld à me recruter".

"Quand il courait en Afrique du Sud, les courses ne lui allaient pas, elles étaient trop courtes et trop rapides. En Europe, les courses sont plus dures, il a trouvé son bonheur", explique son compatriote et ami Daryl Impey, équipier dans la formation Barloworld en 2008-2009.

Froome ne reprend pas ses études et s’installe en Italie. "Il nous parlait toujours de devenir un coureur de Grand tour et on pensait qu’il ne le serait jamais !", ajoute dans un sourire Impey, qui lui a présenté sa future compagne Michelle Cound.

"Une autre mentalité"

"Il avait beaucoup de force mais ce n’était pas un roi de l’élégance, ni de la technique: il tombait souvent, il avait des problèmes pour courir dans un peloton", raconte l’ex-coureur suisse Patrick Calcagni, qui l’a également côtoyé chez Barloworld.

Son passage dans la nouvelle écurie britannique Sky en 2010 est décisif. "C’est quelqu’un qui peut supporter de très grosses charges de travail, qui peut rester concentré longtemps sur ce qu’il a à faire. Le travail et la rigueur de Team Sky avec la tête de Christopher Froome, ça donne un coureur qui marche très, très fort", estime Calcagni.

En suivant un entraînement à la pointe de la technologie, il développe ses qualités de grimpeur et rouleur après avoir traité une bilharziose, maladie parasitaire contractée en Afrique.

Sur les plus grandes courses, il rivalise avec les meilleurs: il termine notamment deuxième du Tour d’Espagne en 2011, deuxième du Tour de France l’an dernier… "Il est très fort physiquement mais n’a pas eu la culture tactique qu’un Italien ou Espagnol reçoit dans sa jeunesse. Il est impulsif, il fait des choses que d’autres ne feraient pas. C’est une autre mentalité du cyclisme", souligne son ancien coéquipier.

Il n’a pas non plus baigné dans le passé du dopage et la pluie de critiques reçues durant le Tour l’a parfois dérouté. Ses performances ont été disséquées, commentées, comparées… Au point de faire émerger chez lui une inhabituelle exaspération.

"Je trouve ça triste d’être assis là au lendemain de la plus grande victoire de ma carrière (au Ventoux) et de parler de dopage, a-t-il lancé aux journalistes lors de la seconde journée de repos du Tour. Mes équipiers et moi-même avons passé des semaines loin de chez nous, à dormir sur des volcans, à nous tuer au travail… Et on m’accuse d’être un tricheur et un menteur, ce n’est pas cool".

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