La zone euro, principal risque pour l’économie mondiale

L’OCDE a révisé en baisse mardi ses prévisions pour la croissance mondiale en 2013, soulignant que la crise de la zone euro continuait de peser sur les perspectives économiques globales en l’absence d’accord politique sur une solution durable à celle-ci.

L’institution basée à Paris n’anticipe plus dans ses prévisions d’automne qu’une croissance de l’économie mondiale de 2,9% pour cette année et de 3,4% l’an prochain. Au printemps dernier, elle tablait encore sur une hausse de 3,4% en 2012 et de 4,2% en 2013.

Elle prévoit en outre maintenant une deuxième année de contraction pour la zone euro (-0,1% en 2013 après -0,4% en 2012) et s’inquiète des risques de récession aux Etats-Unis s’il n’y a pas d’accord pour éviter le "mur budgétaire" qui déclencherait des hausses d’impôts et des baisses de dépenses publiques dans des proportions importantes.

Elle retient néanmoins une prévision de croissance de 2,0% pour la principale économie mondiale en 2013 sur la base d’un scénario de compromis qui serait conclu entre la Maison blanche et le Congrès. Dans ses précédentes prévisions, l’OCDE anticipait une croissance américaine 2013 à 2,6%.

"Le mur budgétaire américain est un sujet de préoccupation important mais la zone euro demeure le principal risque baissier" pour l’économie mondiale, a déclaré à Reuters Pier Carlo Padoan, chef économiste de l’OCDE.

La raison n’en est pas seulement la récession mais les effets combinés de "trois cercles vicieux négatifs" interdépendants: les craintes concernant la solvabilité des banques et des emprunteurs souverains; les risques d’éclatement de la zone euro; l’impact négatif de ces facteurs sur les coûts de financements des pays les plus endettés, "ce qui pèse encore davantage sur la dynamique de la dette".

APPEL A LA BCE

"Dans un contexte aussi précaire, il n’est pas difficile d’imaginer que la situation puisse dégénérer, par exemple qu’un pays bénéficiant d’un programme d’assistance financière internationale s’avère incapable de tenir ses engagements ou que les nouveaux mécanismes de sauvetage de l’Union européenne ne puissent être déployés à temps avec un impact suffisant", estime l’OCDE.

Si la situation s’avérait pire que les prévisions, il serait "essentiel" que les pouvoirs publics soutiennent davantage l’activité, ce qui justifierait des baisses de taux d’intérêt ainsi que de nouvelles mesures d’assouplissement quantitatif par les banques centrales.

La Banque centrale européenne est plus particulièrement mentionnée, l’OCDE jugeant qu’elle peut se permettre de baisser de 25 points de base son taux de refinancement, actuellement de 0,75%, en l’accompagnant de taux de dépôts négatifs.

Elle invite aussi l’institution de Francfort à émettre des signaux très clairs de maintien d’une politique monétaire accommodante pour une longue période.

L’OCDE se veut également rassurante par rapport aux craintes de l’Allemagne sur l’impact inflationniste des politiques non conventionnelles mises en oeuvre par la BCE pour combattre la crise de la dette.

"Nous pensons que les craintes qu’une liquidité excessive pourraient alimenter l’inflation dans le court terme ne sont pas justifiées", a dit Pier Carlo Padoan.

LE CHOMAGE EN HAUSSE

De fait, l’OCDE voit l’inflation de la zone euro ralentir de 2,4% attendu en 2012 à 1,6% en 2013 et 1,2% en 2014.

S’agissant des Etats-Unis, elle juge approprié les programmes d’assouplissement quantitatif de la Fed tout en soulignant que celle-ci devrait frapper plus fort si la situation devait s’aggraver.

Dans l’environnement actuel, le chômage devrait continuer de progresser globalement jusqu’à la mi-2013 avant de refluer lentement par la suite.

La zone euro fait exception avec un taux de chômage qui devrait atteindre 11,9% de la population active l’an prochain, contre 11,1% attendu cette année, puis 12,0% en 2014.

Pour la France métropolitaine, il s’élèverait à 10,7% en 2013 après 9,9% en 2012, puis à 10,9% en 2014.

L’OCDE a retenu pour la France une prévision de croissance de 0,3% l’an prochain, soit sensiblement moins que celle de 0,8% affichée par le gouvernement, et des déficits publics ramenés à la fin de l’an prochain à 3,4% du PIB, contre un objectif officiel de 3,0%.

Au vu du niveau très élevé des dépenses publiques, l’organisation souligne que leur réduction doit jouer un rôle important dans un rééquilibrage de l’économie française vers les exportations.

Elle insiste à nouveau sur la nécessité de mettre en oeuvre des réformes structurelles en matière de fiscalité, de marché du travail et d’éducation pour conforter les perspectives à long terme.

Elle salue le pacte de compétitivité annoncé récemment comme "un premier pas important dans cette direction (qui) soutiendra la création d’emplois, l’investissement et les exportations à compter de 2014."

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