Des agriculteurs israéliens ont officiellement rendu l’usage jeudi à la Jordanie des dernières terres agricoles que leur avait prêtées le royaume pendant plus d’un quart de siècle dans le cadre d’un accord de paix entre les deux pays, a constaté un photographe de l’AFP.
Les annexes du traité de paix jordano-israélien de 1994 autorisaient la « mise à disposition gratuite » de terres dans les régions de Baqoura/Naharayim et Ghoumar/Tzofar, le long de la frontière commune, à des propriétaires privés israéliens pour une période initiale de 25 ans.
Cet accord est arrivé à échéance en novembre dernier, et la Jordanie n’a pas souhaité le reconduire.
Mais dans le cas du site de Ghoumar (sud de la frontière), les agriculteurs israéliens avaient finalement obtenu une extension au 30 avril afin de cultiver les terres qui s’étendent sur environ quatre kilomètres carrés.
Ce délai arrive à expiration ce jeudi et les forces israéliennes étaient présentes autour du site pour en bloquer l’accès aux fermiers israéliens, selon un journaliste de l’AFP sur place.
Les fermiers, qui faisaient pousser des poivrons sur ces terres, ont quitté les lieux à 14H30 (11H30 GMT), a précisé Erez Gibori, un fermier local, pour qui la reprise des terres par la Jordanie est « contraire à l’esprit de l’accord de paix » entre les deux pays.
La décision de la Jordanie de récupérer ces terrains, annoncée en octobre 2018 par le roi Abdallah II quelques jours avant le délai d’un an imparti pour dénoncer ces annexes du traité, avait eu un retentissement considérable en Israël.
La Jordanie est, avec l’Egypte, l’un des deux seuls pays arabes à avoir fait la paix avec l’Etat hébreu.
A Amman, le ministère des Affaires étrangères jordanien a confirmé jeudi que le délai supplémentaire accordé aux fermiers israéliens pour cultiver des terres à Ghoumar expirait ce jour.
« Ce soir (jeudi) expire le délai supplémentaire accordé par le royaume aux fermiers israéliens pour récolter ce qu’ils avaient semé dans le secteur de Ghoumar (…) », a indiqué le ministère dans un communiqué.
Le roi Abdallah II de Jordanie avait proclamé le 10 novembre dernier devant le Parlement à Amman « la fin de la validité des annexes de l’accord de paix concernant Baqoura et Ghoumar, et le rétablissement de notre souveraineté totale sur ces territoires ».
Israël avait alors dit « regretter » la décision de la Jordanie.