L’Egypte face à un nouveau « vendredi de la colère » islamiste
Deux jours après la répression sanglante menée par la police et l’armée contre les partisans du président déchu Mohamed Morsi, l’Egypte s’apprête à vivre de nouvelles manifestations, vendredi 16 août. Les Frères musulmans appellent à un « vendredi de la colère » et espèrent réunir des dizaines de milliers de personnes à la sortie de « toutes les mosquées du Caire » après la grande prière hebdomadaire.
En face, le Front de salut national (FSN), coalition allant de la gauche aux libéraux, a lui aussi appelé les Egyptiens à manifester contre les "actes évidents de terrorisme" commis par les islamistes. Et au centre, les forces armées qui, loin de vouloir calmer le jeu, ont assuré qu’elles ouvriraient le feu sur quiconque prendrait pour cible la police ou les institutions publiques, comme ce fut le cas jeudi au Caire et dans le Sinaï.
Officiellement, le bilan après deux jours d’affrontements est d’au moins 623 morts, mais pourrait encore augmenter. Les Frères musulmans parlent toujours de plusieurs milliers de victimes. L’état d’urgence réinstauré pour une durée d’un mois, mercredi, interdit de fait tout rassemblement dans les rues.
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Cette aggravation de la situation et la polarisation croissante de la société égyptienne inquiètent la communauté internationale. Réuni d’urgence jeudi, le Conseil de sécurité de l’ONU a demandé au gouvernement de faire preuve d’un "maximum de retenue", sans pour autant faire de déclaration officielle.
Barack Obama a reconnu que les Etats-Unis ne pouvaient plus coopérer normalement avec l’Egypte et a annoncé l’annulation de manœuvres militaires conjointes, incitant les ressortissants états-uniens à quitter l’Egypte. La présidence égyptienne a répliqué que les propos de Barack Obama ne se basaient pas sur des "faits" et elle l’a accusé d’encourager les groupes violents commettant des "actes terroristes".
Le "vendredi de la colère" a été le nom donné à la journée la plus violente de la révolution de 2011 ayant abouti à la chute d’Hosni Moubarak. Ce jour-là, le 28 janvier, les manifestants ont pris le dessus sur la police.
