L’avion, à ce jour, est toujours peint aux couleurs à dominante bleue d’Air Caraïbes, compagnie qui l’exploitait auparavant. Le passage en atelier de peinture pour revêtir le fuselage d’une livrée blanche avec des liserés tricolores sera le dernier épisode de ce chantier de plus d’un an. En arrivant en avion de ligne à Bordeaux, on peut apercevoir l’A330.
Protection antimissiles
Les nouveaux équipements installés sur l’"Air Force One" tricolore ne sont pas tous proposés au catalogue des options d’Airbus. Les services officiels ne s’expriment pas, entre autres, sur la nature de la protection antimissiles qui équipe l’A330 de l’Élysée, car indiquer le niveau de sophistication du bouclier, c’est guider l’adversaire pour qu’il s’attaque ensuite à un point faible. Précisons seulement que les protections contre les missiles air-sol consistent à installer une bulle de détection electromagnétique autour de l’avion puis, en cas de tir, à leurrer le mode de guidage infrarouge du missile.
La solution du laser s’avère être le système le moins difficile à intégrer sur un avion civil. Plusieurs jets d’affaires non gouvernementaux en sont équipés. Les leurres pyrotechniques, utilisés sur les chasseurs et les avions de transport militaires, très efficaces, s’avèrent moins bien adaptés car ils présentent des risques d’incendie au sol et s’avèrent peu compatibles avec la fréquentation des aéroports classiques.
Crash récent lors d’un vol de réception
L’Airbus présidentiel vole depuis le mois d’août pour des essais de courte mais aussi de longue durée au départ de Bordeaux-Mérignac. Il faut s’assurer que les équipements électriques, électroniques et de télécommunications, souvent "hors-série", fonctionnent correctement pendant des vols brefs mais aussi durant des voyages de l’ordre de dix heures.
Ces vols de réception ne sont pas anodins. Ce ne sont pas à proprement parler des vols d’essai tels que ceux réalisés pour la mise au point des avions-prototypes, qui exigent des spécialistes mi-ingénieurs "mi-fous volants", issus de l’École du personnel navigant d’essais et de réception, la fameuse EPNER d’Istres, une des quatre écoles de ce type au monde. Mais les vols de réception après révision sortent aussi du registre classique des vols de ligne pour lesquels sont formés les pilotes civils ou militaires de transport. En l’occurrence aux commandes de l’A330, on trouve des équipages mixtes de pilotes du fournisseur – l’avionneur qui gère le chantier de modifications – et du client, soit l’armée de l’air qui sera amenée à exploiter l’Airbus par la suite.
Un drame s’est produit assez récemment au large de Perpignan après de telles opérations de maintenance. Le vol, correspondant à l’"état des lieux" d’un Airbus A320 rendu par un locataire à son propriétaire, s’est terminé par un crash. Le BEA vient de publier le rapport d’accident et recommande que des protocoles très précis soient établis avant de lancer ces vols non commerciaux. L’équipage a, en effet, entamé à trop basse altitude des tests de décrochage prévus à plus de 4.000 mètres. Face à une charge de travail forte et des phases de vol improvisées, les pilotes ont perdu le contrôle de l’appareil. Toutes les précautions qui entourent les préparatifs de l’Airbus présidentiel devraient éviter ce genre de mésaventure.