Juppé souhaite “bon courage” à son ami Woerth (France-Soir)
Lâché par l’opinion publique, le ministre du Travail peut compter sur le soutien réaffirmé dimanche de l’Elysée et de l’UMP pour porter la réforme des retraites à partir de mardi à l’Assemblée.
Cette fronde, nourrie par l’opposition et soutenue par les syndicats (qui doutent désormais ouvertement de la capacité de Woerth à piloter la réforme des retraites), n’a pas – encore ? – gagné l’Elysée. La ligne officielle est, certes, proclamée avec moins de spontanéité et de véhémence qu’au cœur de l’été, mais elle n’a pas bougé : après François Fillon jeudi soir, Nicolas Sarkozy a réaffirmé vendredi – d’un « oui » franc, quoique succinct – sa confiance en son ministre. Et hier, au Grand Rendez-vous Europe 1-Le Parisien, Claude Guéant a, lui aussi, assuré le maire de Chantilly (Oise) de son soutien. S’indignant « des rumeurs » et rappelant qu’Eric Woerth n’est « même pas mis en examen », le secrétaire général de l’Elysée a estimé que « rien de ce qui lui a été reproché ne tient jusqu’ici, d’après ce que j’ai pu lire dans la presse ». « Il est celui qui a préparé la réforme et est parfaitement en mesure de la porter », a-t-il insisté.
« Je suis mobilisé à 120 % »
Balayer les critiques, Alain Juppé s’y est également attelé hier lors du « Grand Jury » RTL-LCI-Le Figaro. « La question de fond est la suivante : Eric Woerth est-il un bon ministre ? Je réponds oui. Il connaît son dossier, il est travailleur et compétent, ouvert et prêt au dialogue, a détaillé l’ancien Premier ministre. Je voudrais lui souhaiter bon courage. »
Il lui en faudra. Car, dès demain, l’Assemblée nationale débattra du projet gouvernemental. Seul à la barre, dans l’hémicycle, Woerth devra répondre aux questions incisives et récurrentes des députés PS, qui ont prévu de l’interpeller sur son « mensonge » dans l’un des volets de l’affaire Bettencourt, confie leur chef de file, Jean-Marc Ayrault. Et c’est bien là que le bât blesse : à chaque fois qu’il souhaite détailler et appuyer sa réforme des retraites, le ministre doit d’abord se justifier d’être intervenu – ce qu’il avait toujours nié – dans la remise de la Légion d’honneur à Patrice de Maistre, l’homme de confiance de Liliane Bettencourt.
Jusqu’à présent, quoi qu’il lui en coûte, Eric Woerth s’obstine à garder le cap que lui a fixé le Président. Demain soir, il défendra sa réforme au 20 heures de TF1, et jeudi, il interviendra après François Fillon dans l’émission d’Arlette Chabot sur France 2, A vous de juger. « Je suis mobilisé à 120 % », clame-t-il. Encore faut-il que sa voix soit entendue.