Guy Drut, membre du Comité international olympique (CIO) et ancien ministre des Sports, estime le projet de Paris-2024 « aujourd’hui obsolète, dépassé, déconnecté de la réalité » et appelle à « réinventer » le modèle des Jeux olympiques dans une tribune publiée par franceinfo dimanche.
« La crise que nous traversons impacte durablement notre quotidien, notre façon de vivre, notre économie, notre pacte social, notre choix de société. (…) Les Jeux olympiques et paralympiques ne font pas exception à ce nouveau contexte. Ils doivent eux aussi se réinventer », écrit Guy Drut.
Si, en pleine pandémie de nouveau coronavirus, la reprogrammation des JO-2020 à l’été 2021 s’imposait, « la réponse à cette crise peut-elle se traduire par le seul report de dates, sans que le modèle des Jeux, tant économique qu’organisationnel, soit également profondément repensé ? », s’interroge-t-il.
« Le beau projet que nous avons construit et porté en phase de candidature pour Paris-2024 est aujourd’hui obsolète, dépassé, déconnecté de la réalité », estime le champion olympique 1976 du 110 m haies.
« Il n’est plus en phase avec le réel. Si dans son esprit, il doit rester inchangé, il nous faut revoir ses moyens, et nous recentrer sur l’essentiel. La première nécessité, c’est de faire une réévaluation budgétaire de ce que vont coûter les JO de Paris-2024 », poursuit-il.
« Les Jeux d’hier ne seront pas les Jeux de demain. Nous devons l’accepter et imaginer ensemble un nouveau modèle », appelle l’ex-ministre des Sports (1995-1997) sous la présidence de Jacques Chirac, en invitant à « penser utile, sobre et responsable ».
« Nous devons les repenser pour les adapter, pour leur conserver leur adéquation au monde qui change. Ils ne pourront pas se tenir à n’importe quel prix, déconnectés de la réalité, en +marge+ du monde », complète-t-il.
Dans son texte, Guy Drut évoque deux pistes de réflexion destinées à contenir les coûts des JO : « sanctuariser certaines épreuves sur un seul et même site quel que soit le pays organisateur », « par exemple Tahiti ou Hawaï » pour le surf, illustre-t-il, et limiter le nombre de sports additionnels.
« Cela coûte très cher de construire de nouveaux équipements pour une épreuve qui dure seulement trois, quatre jours », justifie-t-il.
« Il faut garder l’unité de temps avec des JO qui se déroulent de telle date à telle date, mais (les unités) de lieu et d’action peuvent varier », ce qui permettrait de « réutiliser des sites existants », considère l’ancien athlète.