Irak: une force paramilitaire blâme Washington pour des attaques contre ses bases

Une puissante force paramilitaire irakienne incluant des groupes pro-iraniens, a indiqué mercredi qu’elle considérait les Etats-Unis responsables d’une série d’explosions ces dernières semaines contre certaines de ses bases, dans un moment de vive tensions entre Téhéran et Washington.

Au cours du dernier mois, des explosions ont touché quatre bases de cette force, le Hachd al-Chaabi, qui est constitué de groupes armés favorables à l’Iran et opposés à la présence américaine en Irak.

Les médias n’ont pas pu avoir accès à ces sites et aucune revendication n’a été rendue publique.

Mais mercredi, cette force paramilitaire a indiqué avoir mené sa propre enquête.

"Nous annonçons que les forces américaines sont la seule entité responsable de ce qui s’est passé, et nous les tiendrons responsables de tout ce qui se passera à partir de maintenant", a-t-elle écrit dans un communiqué.

Ces attaques ont été menées par "des agents ou dans le cadre d’opérations spéciales avec des avions modernes", a-t-elle assuré.

"Les Etats-Unis ne sont pas impliqués dans les récentes explosions", a réagi un porte-parole du Pentagone interrogé par l’AFP.

Le Hachd al-Chaabi a par ailleurs affirmé que les forces américaines avaient laissé cette année quatre drones israéliens pénétrer dans l’espace aérien irakien et "viser des quartiers-généraux militaires irakiens".

Mais il n’a pas accusé explicitement Israël d’avoir mené les attaques contre ses bases.

La coalition militaire sous commandement américain est présente en Irak dans le cadre de la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI).

Egalement très impliquée dans la guerre contre l’EI, le Hachd al-Chaabi a prévenu qu’il considérerait comme "hostile" tout avion étranger volant au-dessus de ses bases sans qu’en soit informé le gouvernement.

Explosions

A la mi-juillet, le commandement militaire irakien avait fait état d’un bombardement par un drone d’une base du Hachd al-Chaabi dans la région centrale d’Amerli. Un combattant irakien avait été tué et deux Iraniens blessés.

Les Etats-Unis avaient immédiatement fait savoir qu’ils n’en étaient pas les auteurs. Le Hachd al-Chaabi avait lui évoqué un incendie causé par une erreur technique.

Des explosions ont ensuite été rapportées dans une base à Diyala (est), et la semaine dernière, 29 personnes ont été blessées dans l’explosion mystérieuse d’un dépôt d’armes du camp militaire de Saqr au sud de Bagdad.

En réaction, le Premier ministre Adel Abdel Mahdi avait annulé des "autorisations spéciales" pour les vols de la coalition militaire anti-EI dans l’espace aérien irakien. Il avait également ordonné une enquête.

Mercredi, une source au sein du gouvernement, a affirmé que, selon les résultats préliminaires de celle-ci, trois avions avaient volé autour de la base de Saqr, mais aucune preuve de bombardement n’avait été trouvée.

La dernière explosion a touché mardi une position du Hachd, près de la base aérienne d’Al-Balad, où sont présentes les troupes américaines. Quelque 5.200 soldats américains sont basés en Irak.

Plus tôt cet été, une série de tirs de roquettes ont visé des bases où sont postés des soldats américains, ainsi que des intérêts commerciaux américains.

Les autorités craignent depuis des mois que les tensions entre ses deux grands alliés –Washington et Téhéran– ne dégénèrent sur leur propre sol.

Washington s’est retiré unilatéralement en mai 2018 de l’accord limitant le programme nucléaire iranien et a rétabli des sanctions contre Téhéran.

Stopper l’Iran

Mais selon des analystes, Israël pourrait être impliqué dans les attaques contre le Hachd al-Chaabi.

Israël martèle qu’il stoppera "l’expansionnisme" de l’Iran dans la région, et a mené des frappes contre des cibles iraniennes en Syrie, où Téhéran soutient le régime. Israël n’a toutefois pas revendiqué les attaques en Irak.

Interrogé cette semaine sur une possible implication de son pays, le Premier ministre Benyamin Netanyahu a répété qu’il agirait contre "l’Iran à chaque fois que cela est nécessaire".

Israël craint que l’Iran ne transfère des roquettes par voie terrestre à ses alliés en Irak, Syrie et au Liban, qui pourraient être utilisées contre lui.

Cette crainte pourrait expliquer sa possible implication dans les attaques en Irak, estime l’analyste Fadel Abou Raghif.

"Nous avons reçu des informations concernant des missiles que l’Iran a donné au Hachd durant la guerre de l’Irak" contre l’EI, a-t-il dit à l’AFP. "Il semble que ces roquettes n’ont pas été utilisées et qu’Israël a senti un danger" a-t-il ajouté.

"Même s’il n’y pas de preuves, peu de personnes seraient surprises si Israël décidait de viser des cibles iraniennes en Irak puisqu’il a publiquement reconnu qu’il faisait cela en Syrie", a pour sa part déclaré à l’AFP e géopolitologue Karim Bitar.

"Cette stratégie est probablement coordonnée avec les Etats-Unis, dans le cadre de la campagne de +pression maximale+ de l’administration Trump contre l’Iran".

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