Gilles Pargneaux: La résolution du Parlement européen s’est basée sur des éléments d’informations partiales. Dans le cas de Laayoune, il n’y pas eu d’atteintes aux droits de l’homme mais une entreprise de déstabilisation. L’ONU a d’ailleurs rejeté les demandes faites par le Front Polisario. Le Parlement marocain a constitué une commission d’enquête sur les événements du 8 novembre à Laayoune. Cela me semble conforme à la rigueur que les institutions marocaines ont sur le sujet. J’ai personnellement oeuvré, notamment au sein de mon groupe politique des Socialistes et Démocrates (S&D) pour nuancer les positions de mes collègues eurodéputés en proposant des amendements au projet de résolution. Je crois que le Parlement européen se rend compte maintenant qu’il aurait fallu attendre les résultats des différentes enquêtes avant de se lancer dans cette résolution.
La manipulation et l’instrumentalisation de ces événements par le Polisario, l’Algérie et une certaine
droite espagnole, ne sont-elles pas la preuve d’une volonté de « casser » le processus de négociations engagées sous les auspices des Nations-Unies ?
La résolution du Parlement européen a été sans aucun doute prise à l’initiative d’abord des représentants espagnols du Parti Populaire qui ont voulu en faire un enjeu de politique intérieure espagnole. Ce n’était pas seulement le Maroc qui était visé mais aussi le gouvernement espagnol dirigé par José Luis Zapatero. Quand on voit l’information partiale des journaux espagnols, cela montre l’ampleur des manipulations voulues par la droite ibérique. C’est ce que, d’ailleurs, mes camarades socialistes espagnols au Parlement européen auraient dû remarquer. Ils se sont donc ainsi, je crois, faits piégés. La désinformation de la part du Front Polisario a été de grande ampleur. Le
Maroc a, pour l’instant, malheureusement perdu la bataille de la communication. J’ai moi-même transmis une vidéo, disponible sur mon blog, sur la réalité des faits à mes collègues. Cela n’a pas suffi tant les fausses informations relayées par la presse espagnole avait fait des dégâts. Il s’agit maintenant avec les autorités marocaines de convaincre une majorité de parlementaires européens que ce qui a été dit était faux et de démontrer par là que le plan d’autonomie du Sahara occidental proposé par le Maroc est le point d’équilibre permettant le développement de la région et sa sécurité.
Ce conflit, qui dure depuis 30 ans, ralentit à la fois la construction d’un grand Maghreb et torpille
la lutte contre Al-Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI). Des éléments du Polisario ont rejoint Aqmi. L’intransigeance de l’Algérie ne constitue-t-elle pas une menace pour la séc urité et la stabilité de la région ?
Lors de mon intervention du jeudi 25 novembre en session plénière, j’ai souligné la nécessité de prendre en compte les nécessités de la lutte contre le terrorisme. Il me semble que le Front Polisario est un mouvement qui a changé de nature. Ses relations avec l’AQMI devraient alerter les députés européens. Il ne correspond plus à l’image romantique d’une force luttant pour l’autodétermination du peuple saharoui. Certains de ses éléments n’ont pas intérêt à la résolution du conflit dans la mesure où ils en tirent des ressources matérielles et également leur légitimité. Je déplore que le gouvernement algérien ne soit pas un acteur constructif dans l’unification et la pacification du
Maghreb. Nous sommes nombreux à regretter que le Parlement européen n’ait pas également su reconnaître ses alliés dans la constitution d’un espace euroméditérannéen pacifique et prospère.