G20 : la tension monte avant un choc Etats-Unis-Chine

Le G20 est suspendu samedi au face-à-face prévu entre Donald Trump et Xi Jinping, censés négocier une trêve commerciale en conclusion d’un sommet tendu, qui a trouvé un bref moment d’harmonie, au moins en surface, dans l’hommage unanime à l’ancien président américain George H. W. Bush.

Donald Trump a salué l’"engagement inébranlable en faveur de la foi, de la famille et de son pays" de l’ancien président américain, mort vendredi à 94 ans.

Le mot revenant le plus souvent dans les hommages des autres chefs d’Etat et de gouvernement présents en Argentine samedi matin était celui de "grand dirigeant" (le Français Emmanuel Macron) ou "grand homme d’Etat" (la Britannique Theresa May et l’Indien Narendra Modi).

De Berlin à Paris en passant par Londres, on insistait sur le rôle joué par l’ancien président américain (1989 à 1993) pour mettre fin de manière pacifique à la Guerre Froide.

Le président russe Vladimir Poutine, qui a qualifié la dissolution de l’URSS de "plus grande tragédie géopolitique" du XXème siècle, ne s’était pas encore exprimé.

Portrait en négatif de Trump

Les hommages appuyés des Européens, en particulier, dessinent comme un portrait en négatif de Donald Trump, au contraire accusé de saper l’ordre mondial multilatéral.

Par exemple en déclenchant des conflits commerciaux tous azimuts, dont le plus menaçant, opposant Etats-Unis et Chine, pourrait connaître un tournant à Buenos Aires.

Sous le regard angoissé des marchés, le président américain et son homologue chinois Xi Jinping, dont l’affrontement à coups de barrières douanières commence à peser sur la croissance, ont prévu un "dîner de travail" en fin de journée.

Vendredi, Wall Street a terminé en hausse à la faveur d’un regain d’optimisme autour de ce rendez-vous programmé juste après la fin du programme officiel.

"Il existe des signes positifs, nous allons voir ce qui se passe. Si nous pouvions parvenir à un accord, ce serait bien", a estimé le président américain.

Ce champion du protectionnisme a prévu de porter à 25 % le 1e janvier, contre 10 % actuellement, les droits de douanes sur la moitié des produits chinois importés aux Etats-Unis, soit 200 milliards de dollars. Et il menace de taxer la totalité des importations chinoises.

Xi Jinping a, lui, promis vendredi devant le G20 de "poursuivre les réformes" pour ouvrir le marché chinois et mieux protéger la propriété intellectuelle, selon l’agence Xinhua.

Autre moment fort de samedi, la réunion bilatérale entre le Saoudien Mohammed ben Salmane, alias "MBS", et le Russe Vladimir Poutine.

Le cours de l’or noir, en chute libre, est suspendu depuis des semaines à un éventuel accord des deux puissances pétrolières sur une baisse de production.

Les Européens en figurants ?

Un accord des deux hommes, qui ont affiché leur franche camaraderie vendredi, pourrait déclencher l’ire du président américain.

Donald Trump est un des principaux soutiens du prince saoudien, dont la réputation est entachée par l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, sur lequel il compte pour maintenir un prix du pétrole bas.

Vladimir Poutine est, lui, critiqué de toutes parts pour avoir déclenché une escalade militaire avec l’Ukraine en mer Noire.

"Il y aura une rencontre importante (entre Poutine et MBS) où seront évoquées non seulement des questions énergétiques, mais aussi une augmentation des investissements de l’Arabie saoudite en Russie", a déclaré lors d’un briefing le président du Fonds russe des investissements directs, Kirill Dmitriev.

Au moment où de sérieux doutes planent sur la capacité du G20 à signer un communiqué final, les autres participants vont essayer de ne pas jouer les figurants.

Cette édition du sommet est vraiment particulière, selon une source diplomatique française. L’an dernier à "Hambourg, il y avait un peu une forme de naïveté collective face à Trump, car il y avait l’idée qu’on pouvait le convaincre", a-t-elle confié à des journalistes.

Dans un brouillon du communiqué final datant de lundi, et vu par l’AFP, aucune critique du "protectionnisme", qui serait intolérable pour les Américains.

Il y est question de "s’atteler aux défis du changement climatique", en tenant compte de "circonstances nationales différentes."

Les Européens présents au G20 (France, Allemagne, Italie, Pays-Bas invités, Grande-Bretagne, UE) vont tenter de sauver les meubles en obtenant au moins 19 signatures – celle de Donald Trump étant exclue – sous un soutien plus ambitieux à l’accord de Paris sur le climat, dénoncé par les Américains.

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