François Hollande, dangereuse veillée des municipales
Logiquement François Hollande devait se pavaner sur les plateaux de télévisons. Les chiffres du chômage n’ont-ils pas connu leur première tendance positive depuis qu’il est aux affaires et qu’il a lancé le pari de renverser la vapeur comme test grandeur nature à faire mieux que Nicolas Sarkozy à qui il venait de succéder? Les indicateurs économiques n’impliquent-il pas une possible relance économique qu’il a promise depuis des mois et qui tarde à pointer à l’horizon ? Sur le plan international, François Hollande avait marqué des points même s’il n’a pas été suivi sur la crise syrienne et la manière de la traiter. Et pourtant malgré ses signaux positifs, François Hollande est en train de vivre une séquence assez morose.
Il semble clair aujourd’hui pour tous ceux qui veulent décoder la sortie de Manuel Valls qu’un personnage est en cours de fabrication et qu’une posture est en cours de ciselage. Manuel Valls, la vedette incontestée du gouvernement au point qu’on chuchote déjà son nom comme possible successeur de Jean Marc Ayrault à Matignon, semble motivé par deux raisons principales. La première est qu’à la veille des élections municipales, les enquêtes d’opinion, surtout celles réservées au ministère de l’intérieur, montrent un Front National sous la houlette de Marine Le Pen au sommet de sa performance. Lancer le débat sur les Roms et l’immigration peut affaiblir sa lancée et ses résultats au sein d’une opinion travaillée par la crise et le matraquage fiscal.
La seconde raison est que Manuels Valls qui s’est toujours positionné comme le "dur de la gauche", on ne vient jamais en France au ministère de l’intérieur par hasard, veut donner la preuve que la préoccupation sécuritaire n’est ni le monopole de la droite ni le cheval de bataille exclusif de l’extrême droite. Il faut dire que Manuel Valls et la gauche subissent toujours la malédiction d’un lourd héritage teint d’accusations de ne pas être assez fermes sur la sécurité et d’être trop tolérant sur l’immigration.
La droite s’est emparée de la nouvelle posture de Valls sur les Roms pour radicaliser son discours et légitimer ses prétentions. Et il n’y a qu’à voir les sorties de François Fillon, le "gaulliste" de l’UMP sur les sujets pour imaginer l’ampleur des forces et des tentations qui travaillent l’échiquier politique Français sur le sujet.
Le risque dans la démarche de Manuel Valls, à voir les réactions clivées qu’elle a suscitées, est qu’il enferme Manuel Valls dans une logique de répression susceptible de s’aggraver encore plus sous la pression de la droite. Sans parler des risques de scission au sein de la Majorité gouvernementale comme le montrent les critiques acerbes des Verts et au sien de la gauche « de la gauche » comme l’attestent les violentes charges de Jean-Luc Melenchon.
Bien entendu, Manuels Valls pourra toujours demain botter en touche en invoquant la responsabilité européenne dans la crise des Roms et des gens de voyage, mais il aura entretemps cristallisé sur sa personne un tel déluge de critiques de sa propre famille qu’il lui sera difficile de se positionner pour rassembler sa propre famille politique.
François Hollande, quant à lui, ne sort pas gagnant de cette affaire. Outre la Zizanie et les couacs qu’elle provoque dans son exécutif et sa majorité, cette polémique a donné l’impression que le président de la république était contraint dans son expression. Dans l’incapacité de siffler la fin d’un débat qui presque tournait au pugilat à voir les accusations lancées par Cecile Duflot et. Jean Luc Melenchon, François Hollande est resté dans le flou qui aggrave la situation au point qu’un journal de gauche comme Libération s’interroge sur son "manque d’autorité" et qui serait le péché originel de sa gouvernance.