La réaction la plus pessimiste a été celle du Premier ministre, François Bayrou sur son compte X qualifiant de « jour sombre » cette échéance pourtant très attendue dans les relations entre l’Europe et les USA. A ses yeux, l’UE « une alliance de peuples libres, rassemblés pour affirmer (ses) valeurs et défendre ses intérêts » s’est résolue « à la soumission ».
« Ursula von der Leyen a accepté (..) la reddition commerciale de l’Europe, au détriment de nos exportateurs, agriculteurs et industriels », a dénoncé sur X le président du Rassemblement national (RN), Jordan Bardella.
« La bonne nouvelle est qu’il y a un accord et donc que nos entreprises ont de la visibilité et qu’il y a de la stabilité dans la relation commerciale transatlantique », a fait remarquer, en revanche, Laurent Saint-Martin, ministre chargé du Commerce extérieur.
« L’accord commercial négocié par la Commission Européenne avec les Etats-Unis apportera une stabilité temporaire aux acteurs économiques menacés par l’escalade douanière américaine, mais il est déséquilibré », a, de son côté, indiqué le ministre français chargé de l’Europe, Benjamin Haddad.
« Il faut se battre pour continuer de rechercher l’équilibre commercial avec les Etats-Unis », a-t-il plaidé sur son compte X.
Même constat du côté du ministre de l’Industrie et de l’Énergie, Marc Ferracci : « Notre responsabilité aujourd’hui, c’est de faire en sorte que cet accord, in fine, soit le moins déséquilibré possible », a-t-il déclaré.
Avec M. Saint-Martin, ils ont plaidé pour un « rééquilibrage » dans le domaine des services, en particulier numériques, en rappelant que si la balance commerciale des Etats-Unis avec l’Europe est déficitaire pour les biens, celle des services est excédentaire.
Du côté des entreprises, le président de la première organisation patronale française « Medef », Patrick Martin, a estimé que l’accord, tel qu’il a été annoncé, n’est pas « admissible », et qu’il faut poursuivre les négociations.
La CPME, deuxième organisation patronale, craint pour sa part « des répercussions désastreuses » pour les petites et moyennes entreprises, tandis que le mouvement des ETI (Meti) évoque « des conséquences particulièrement préoccupantes pour les entreprises de taille intermédiaire ».
Dans les différents secteurs économiques, les réactions varient. Dans l’agroalimentaire, l’organisation patronale du secteur, l’Ania, a déploré un « accord clairement inéquitable ».
La Fédération des entreprises de la beauté (FEBEA), elle, dit accueillir avec soulagement la visibilité apportée par l’accord, tout en regrettant une hausse des droits de douane de 0% à 15% sur ses exportations vers les États-Unis.
En revanche, d’autres secteurs se montrent plus satisfaits. Le Gifas (Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales) a salué, d’après la presse de l’Hexagone, une exonération « bonne pour une industrie équilibrée entre la France et les Etats-Unis » et qui permettra de « conserver des emplois qualifiés en France à tous les niveaux de la chaîne de sous-traitance. »
Les organisations patronales et les fédérations des filières économiques « impactées par les droits de douane américains » seront reçues mercredi à Bercy pour évoquer les « conséquences » de l’accord commercial UE-USA, d’après les médias français.
L’UE et les Etats-Unis ont scellé, dimanche en Ecosse, un accord commercial qui prévoit des droits de douane sur toutes les importations européennes vers les Etats-Unis, à un taux unique de 15%, comprenant toutes les taxes déjà existantes.
L’accord prévoit également des achats d’hydrocarbures américains (gaz naturel, combustibles nucléaires et pétrole) d’une valeur de 750 milliards de dollars sur trois ans. Il comporte aussi de nouveaux investissements européens aux Etats-Unis pour un montant de 600 milliards de dollars.
