France/Liberté et vaccination: RN et droite alertent, le gouvernement démine
Le Rassemblement national et la droite ont alerté mardi sur une possible restriction à la liberté de déplacement, qui pourrait dans certains cas être conditionnée à la vaccination anti-Covid, mais le gouvernement a immédiatement démenti toute velléité de créer un « Etat sanitaire ».
Alors que le président de la République Emmanuel Macron et le gouvernement ont assuré très clairement que cette vaccination, qui débute dimanche, ne serait pas obligatoire, le projet de loi instituant un régime pérenne de gestion des urgences sanitaires, présenté lundi en conseil des ministres par le Premier ministre Jean Castex, a mis le feu aux poudres.
« L’objectif de ce texte est de nous préparer à la fin de l’état d’urgence sanitaire, le 1er avril 2021, et d’établir un cadre juridique durable face aux crises sanitaires », a expliqué le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal.
Dans son article 3131‑9, au 6e paragraphe, le projet prévoit que « le Premier ministre peut, le cas échéant (…) subordonner les déplacements des personnes, leur accès aux moyens de transports ou à certains lieux, ainsi que l’exercice de certaines activités à la présentation des résultats d’un test de dépistage établissant que la personne n’est pas affectée ou contaminée, au suivi d’un traitement préventif, y compris à l’administration d’un vaccin, ou d’un traitement curatif ».
« De façon sournoise, ce texte envisage non pas de rendre la vaccination obligatoire, mais d’empêcher toute vie sociale aux personnes qui ne le seraient pas », a affirmé la présidente du RN Marine Le Pen dans un communiqué, en dénonçant une « mesure d’essence totalitaire » . « Il ne peut y avoir de citoyenneté de seconde zone pour les individus non-vaccinés », a-t-elle ajouté sur Twitter.
« Nous avons découvert un projet de loi dans lequel quelques lignes indiquent que si vous n’êtes pas vacciné, alors vos libertés vont se restreindre », a assuré le porte-parole du RN Sébastien Chenu sur France 2.
« Tout ça est très dangereux » et « ça voudrait dire qu’il faut que la vaccination soit obligatoire », a ajouté le député du Nord en dénonçant une « dictature sanitaire ».
« Je croyais, naïvement, que dans notre patrie, le respect des libertés était la règle et ses restrictions, l’exception. Là, l’exécutif aurait tout pouvoir pour suspendre nos libertés sans contrôle du Parlement ? Inconcevable », a réagi sur Twitter le N.2 des Républicains Guillaume Peltier.
Pour le patron de Debout la France Nicolas Dupont-Aignan aussi, « c’est une remise en cause totale et scandaleuse de la liberté vaccinale ».
« Comme si +urgence+ pouvait se conjuguer avec +pérennité+ », a déploré la députée Libertés et Territoire Frédérique Dumas, en dénonçant un « projet de loi totalement liberticide » imposant « un passeport sanitaire ».
Face à ces critiques la ministre de la Fonction publique Amélie de Montchalin a expliqué que le texte « n’est pas là du tout pour créer des pouvoirs exceptionnels pour le gouvernement » ou « créer un Etat sanitaire », ni « pour pérenniser l’état d’urgence, il est là pour renforcer notre gestion de crise ».
« Il y aura bien sûr un débat, tout ce qui devra être clarifié le sera », a-t-elle assuré sur CNews.
Pour le ministre de la Santé Olivier Véran, ce texte veut « mettre dans le droit commun des dispositifs » pour « ne pas rentrer dans un état d’urgence à proprement parler, tout en prenant les mesures pour protéger les populations ».
Le projet « peut concerner aussi bien cette pandémie que n’importe quel autre événement sanitaire majeur qui pourrait toucher notre pays », a-t-il ajouté lors d’un déplacement à Chanteloup-en-Brie.