Espionnage: Renault contre-attaque

La plainte contre X de Renault pour espionnage industriel a déclenché l’ouverture d’une enquête des Renseignements et d’une information judiciaire.

Espionnage: Renault contre-attaque
L’affaire est révélée au grand jour le 3 janvier, avec la mise à pied de trois cadres, à leur retour de vacances. Convoqués pour des réunions "prétextes", les trois responsables, dont un membre du comité de direction, se retrouvent chacun face à un membre de la direction. Depuis, assistés d’avocats spécialisés (en droit social et en droit pénal), ils clament leur innocence, dénoncent l’absence de preuves et l’incohérence des accusations qui les visent.

A l’origine, une lettre anonyme reçue fin août à Billancourt, au siège du groupe. Au terme d’une enquête interne, menée, semble-t-il, avec l’aide d’un détective privé, la direction de Renault se forge des convictions qui ont débouché, le 13 janvier, sur une plainte contre X, pour "des faits constitutifs d’espionnage industriel, de corruption, d’abus de confiance, de vol et recel, commis en bande organisée". Patrick Pélata avait mis en cause, dans Le Monde, "une puissance étrangère". L’enquête est désormais aux mains des services de contre-espionnage (DCRI).

Carlos Ghosn, patron du groupe, s’est expliqué dans un entretien au Journal du Dimanche se déclarant "surpris" et "choqué".

"Fin août, le déontologue du groupe, Christian Husson, qui est aussi notre directeur juridique, et le patron de la sécurité de Renault sont venus me voir. Ils m’ont fait part d’informations extrêmement préoccupantes sur l’intégrité de certains de nos collaborateurs de haut niveau", a-t-il indiqué, précisant que "Tous les éléments en notre possession sont aujourd’hui entre les mains de la justice."

"Il fallait faire nous-mêmes des premières recherches pour nous forger une opinion sur la gravité de l’affaire", a souligné le patron de Renault, qui a lancé cette enquête interne en août 2010, mais n’a prévenu les autorités que début janvier 2011.

"Renault a des procédures très précises pour ce genre d’affaires. J’ai décidé que les processus habituels devaient être utilisés", a-t-il insisté, se disant "surpris et choqué", et ajoutant que "compte tenu de la gravité de la situation, il ne fallait ni se hâter, ni ralentir les choses".

Se refusant à confirmer que Renault a employé des détectives privés, Carlos Ghosn, qui dit avoir "suivi personnellement l’avancement de ce processus au fur et à mesure", est formel: "Nous avons été irréprochables par rapport à la loi".

"Nous sommes arrivés à la conclusion que ce qui est sorti ne correspond pas à des informations technologiques. Il pourrait s’agir d’informations sur notre modèle économique. (…) Ce qui est visé, c’est notre stratégie dans la voiture électrique", Renault étant le seul constructeur à fabriquer à la fois la batterie, les moteurs et les chargeurs, a-t-il indiqué.

Quant au destinataire de ces informations, "je n’ai pas de conviction sur ce point", a-t-il poursuivi.

"Nous attendons les résultats de l’enquête dont on me dit qu’elle devrait durer plusieurs mois", a-t-il dit, alors son groupe et le contre-espionnage -désormais chargé de l’affaire- privilégieraient une "piste chinoise", selon la presse et les spécialistes de l’intelligence économique.

"Je n’ai pas à polémiquer ou à prendre position. Je ne me préoccupe que de la sauvegarde des intérêts de Renault", a insisté Carlos Ghosn.

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