Eric Woerth pris dans les filets de l’affaire Bettencourt
S’il n’y avait pas ce grande psychodrame que vivent les bleus en Afrique du Sud et qui a suscité ce commentaire extrêmement bien réfléchi de la ministre des sports Roselyne Bachelot selon lequel ils ont « terni l’image de la France », les mésaventures de l’actuel ministre du travail Eric Woerth et trésorier de l’UMP, pris dans les filets d’une sordide affaire de financement politique, de conflit d’intérêts et d’évasion fiscale auraient capté les grandes lignes de l’actualité.
L’affaire se corse d’avantage quand la presse révèle que l’épouse du ministre Eric Woerth, Florence Woerth travaille comme conseillère fiscale auprès de Liliane Bettencourt et que cette dernière dispose de nombreux comptes et autres investissements dans des paradis fiscaux en Suisse et aux Seychelles, bien à l’abri du fisc français.
Eric Woerth avait tenté dans un premier temps de se défendre en poursuivant la stratégie de la dénégation. Les chèques donnés par Liliane Bettencourt à l’UMP, cela s’est fait selon lui en toute légalité. Son épouse Florence qui participe à l’organisation d’une fraude fiscale. Il n’était pas au courant de ses activités.
Sentant que le feu risquait de prendre de toute part, Eric Woerth, sans doutes sur les conseils et sous la pression de l’Elysee, avait fini par réagir à cette situation en prenant deux décisions majeures : Obliger sa femme Florence à démissionner de son poste de conseillère fiscale de Liliale Bettencourt et obliger la riche héritière de l’Oréal à rapatrier ses avoirs planqués dans les paradis fiscaux en France.
Ironie de l’histoire, Eric Woerth, alors ministre du budget, s’était fait connaître du grand public en s’invitant un soir sur un plateau de télévision pour annoncer qu’il avait en poche une liste de trois milles contribuables français qui disposaient de fortune non déclarées à l’étranger. Cette technique de la menace publique fut jugée brutale et maladroite.
C’est qu’Eric Woerth n’est pas n’importe qui dans la galaxie de Nicolas Sarkozy. Il fut choisi par le président de la république pour remplacer le défaillant Xavier Darcos et porter la très contestable reforme de la retraite. C’est dire à quel point il avait l’estime et la confiance du chef de l’Etat. Il s’apprête à affronter une des colères sociales les plus aigues depuis des années pour protester contre la destruction du dogme de la retraite à 60 ans.
Son nom est régulièrement cité dans les cénacles comme un possible successeur de François Fillon à Matignon, tant son savoir faire technique et comptable, son manque apparent de charisme, l’inaltérable antipathie qu’il dégage, peuvent convenir à un poste et à une fonction tels que l’imagine l’omni-président Nicolas Sarkozy… là où les états d’âmes, les ambitions personnelles ne sont pas les bienvenues.
(Pour Atlasinfo et Aujourd’hui le Maroc)