Erdogan relance la polémique sur le foulard islamique

Trois mois après la fronde antigouvernementale de juin, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a remis lundi sur la table la question très controversée du foulard islamique en annonçant que les fonctionnaires auraient désormais le droit de le porter, et dévoilé des mesures pour renforcer les droits des minorités, notamment des Kurdes.

Dans un discours très attendu prononcé devant la presse et son gouvernement au grand complet, M. Erdogan a proclamé la fin de "l’interdiction dans les institutions publiques" des "mesures discriminatoires pour les femmes et les hommes", le foulard et la barbe.

"Ces restrictions violent le droit au travail, la liberté de pensée et de croyance", a-t-il expliqué, s’engageant à imposer "une sanction à ceux qui empêchent les gens d’exercer les droits liés à leurs devoirs religieux".

Ces interdictions resteront toutefois en vigueur pour les policiers, les militaires, les procureurs et les juges, a précisé le chef du gouvernement.

Depuis son arrivée au pouvoir en 2002, le Parti de la justice et du développement (AKP) de M. Erdogan a fait de la levée de l’interdiction dans la fonction publique du foulard islamique, un symbole de la Turquie musulmane mais laïque voulue par le fondateur de la République Mustafa Kemal Atatürk, l’un de ses chevaux de bataille.

Déjà autorisé aux étudiantes sur certains campus, le port du foulard sera désormais permis aux professeurs et à tous les agents publics, ainsi qu’aux députées.

En 1999, Merve Kavakçi, une députée turco-américaine élue sous les couleurs d’un parti islamiste, s’était présentée devant ses pairs coiffée du voile pour prêter serment. Elle avait dû quitter l’hémicycle sous les huées, avant d’être déchue de sa nationalité turque.

A six mois des municipales, l’annonce de M. Erdogan risque de raviver les plaies ouvertes par la vague de contestation sans précédent qui a secoué le pays en juin. Pendant près d’un mois, des dizaines de milliers de manifestants ont défilé dans les grandes villes, surtout à Istanbul, Ankara et Izmir (ouest), pour reprocher au gouvernement sa dérive "islamiste".

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