Emmanuel Macron, candidat du « renouveau » à la présidence française

Trente-neuf ans, jamais élu, « ni de droite ni de gauche ». Emmanuel Macron, ovni politique devenu l’un des favoris de la présidentielle à un mois du scrutin, cherche à dynamiter les clivages traditionnels pour conquérir les Français.

Dans sa campagne à l’américaine, où les bénévoles sont des "helpers", le plus jeune des onze candidats en lice a longtemps cultivé le flou sur son projet, suscitant les railleries de ses adversaires.

Mi-mars, l’ex-ministre de l’Economie de François Hollande (août 2014-2016) s’est résolu à nourrir "le Moloch médiatique" en présentant les grandes lignes de son projet d’inspiration sociale-libérale.

Son fil rouge: réconcilier "liberté et protection", en réformant l’assurance-chômage ou en proposant des mesures de discrimination positive à l’intention des quartiers en difficulté. Son coeur de cible: les classes moyennes, qu’il juge "oubliées" par la droite et la gauche.

Sur un échiquier politique qui peine à se renouveler, son profil inédit séduit de plus en plus de Français et intrigue à l’étranger.

Profitant des déboires du candidat de la droite François Fillon – inculpé dans un scandale d’emplois présumés fictifs- et fort du ralliement de plusieurs personnalités clés, telles le centriste historique François Bayrou ou l’ancien maire socialiste de Paris Bertrand Delanoë, il a progressivement grimpé dans les sondages.

A un mois du premier tour, M. Macron apparaît désormais au coude à coude avec la cheffe de file de l’extrême droite française Marine Le Pen. Avec une fragilité toutefois: l’indécision de ses soutiens. Seule la moitié d’entre eux se disent sûrs de leur choix contre les trois quart des électeurs de Marine Le Pen.

Ce nouveau statut de favori lui vaut de concentrer les attaques de tous ses adversaires.

Taxé de "gourou" par le candidat de droite, de "champignon hallucinogène" par le champion de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon, de "marionnette" au service du "système" par l’extrême-droite, l’homme est aussi brocardé par le socialiste Benoît Hamon, pour qui "le parti de l’argent a trop de candidats dans cette élection".

Emmanuel Macron, au physique de gendre idéal, est un pur produit de l’intelligentsia française: ex-haut fonctionnaire formé aux écoles de l’élite puis banquier d’affaires, il est recruté en 2012 comme conseiller par le président François Hollande.

De cette expérience dans l’ombre du pouvoir puis de ses deux années au ministère de l’Economie, il dit avoir tiré un enseignement majeur: le dysfonctionnement du système politique actuel.

Et explique sa démission du gouvernement puis sa candidature par son envie de changer le logiciel via son propre mouvement, baptisé "En Marche" et dont l’acronyme correspond à ses initiales. En onze mois, il revendique plus de 200.000 adhérents.

"Etre candidat à la présidence, c’est avoir un regard et un style, aussi vrai qu’un écrivain a un regard et un style", estime celui qui confie avoir rêvé, adolescent, de devenir écrivain.

Son discours transpartisan, libéral au sens anglo-saxon du terme (sur le plan économique mais aussi sur les questions de société), plaît notamment aux jeunes urbains et aux milieux d’affaires.

Peu expérimenté à l’international, il s’est efforcé de muscler sa stature avec un déplacement au Liban fin janvier et une rencontre avec la chancelière allemande Angela Merkel, mi-mars à Berlin.

Son parcours n’est pas exempt de polémiques. Il a choqué en qualifiant "d’illettrées" les employées d’un abattoir et s’est attiré les foudres de la droite et l’extrême droite en qualifiant la colonisation française de "crime contre l’humanité".

A l’inverse de ses concurrents, il affiche aussi sa vie privée en mettant en avant lors de ses meetings son épouse Brigitte, son ancienne professeur de français de vingt ans son aînée. Il a démenti publiquement des rumeurs véhiculées depuis des mois sur les réseaux sociaux concernant son homosexualité présumée.

Celui qui a promis une grande loi sur la moralisation de la vie publique est cité dans une affaire de favoritisme dans l’organisation d’un déplacement à Las Vegas lorsqu’il était ministre de l’Economie, en janvier 2016. L’association anticorruption Anticor questionne la sincérité de ses déclarations de patrimoine.

"Il y a beaucoup d’attaques, beaucoup d’insinuations, mais je n’ai rien à me reprocher", s’est-il défendu dimanche.

afp

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