Depuis plus de 30 ans, le rituel des soirées électorales est bien rô dé. A 20H00 pile, les bureaux de vote ferment dans les grandes villes et les chaînes de télévision publient immédiatement le résultat du scrutin.
Le vote est alors terminé depuis deux heures (18H00) dans les campagnes ou dans les villes plus petites. Les instituts de sondages ont relevé les premiers résultats d’un certain nombre de bureaux représentatifs fermés à cette heure-là, qui leur permettent de dire avec certitude l’issue du vote pour l’ensemble du pays.
Ce sont des estimations sur bulletins de vote réels, et non pas des sondages à la sortie des urnes plus aléatoires, comme dans la plupart des pays.
Mais ce délai légal de 20H00 pourrait cette année voler en éclat avec le développement accéléré des réseaux sociaux – environ 23 millions de comptes Facebook et trois millions de comptes Twitter en France – où les informations se propagent à la vitesse grand V.
En théorie, la loi punit quiconque diffuserait des informations de nature à influencer le vote. Mais les médias étrangers – suisses et belges notamment – ont déjà indiqué que, comme lors des précédentes élections, ils ne se sentaient pas concernés par des règles s’appliquant en France.
Il y a donc de fortes chances que les résultats circulent avant l’heure légale, les instituts de sondages étant techniquement en mesure de fournir des estimations fiables un peu avant 19H00 (17H00 GMT). Celles-ci sont en général maintenues secrètes par les responsables politiques et les médias qui en ont connaissance.
Contactés par l’AFP, plusieurs grands médias français, comme les chaînes de télévision TF1, France 2, France 3, la radio France Inter et les sites des journaux Le Monde, Le Point, LeFigaro.Fr ont affirmé qu’ils respecteraient la règle de l’embargo absolu jusqu’à 20H00. "On peut critiquer la loi mais on la respectera dès lors qu’on est un média basé en France", affirme-t-on au Figaro.fr.
Toutefois, ils n’ont pas exclu de réviser leur position, en cas de violation flagrante de la règle par l’un de leurs confrères.
Libération de son côté "se réserve le droit" de publier sur son site internet les estimations dès 18H30 "si l’écart est net et les sources fiables", a prévenu le directeur de la rédaction du quotidien Nicolas Demorand.