Les acteurs Amr Waked et Khaled Abol Naga, connus pour leurs critiques du pouvoir égyptien, ont rencontré lundi des membres du Congrès américain pour discuter de la situation des droits humains en Egypte.
MM. Waked et Abol Naga sont accusés de "haute trahison contre la nation et le peuple égyptien" et de vouloir nuire à "la sécurité et la stabilité de l’Egypte", a indiqué dans un communiqué le Syndicat des acteurs, favorable au pouvoir.
"Les deux acteurs ne seront plus autorisés à jouer en Egypte", a déclaré à l’AFP le président du syndicat, Achraf Zaki. "La décision interdit à quiconque de les embaucher", a-t-il ajouté.
Les deux acteurs ont critiqué sur Twitter cette décision qualifiée de "politique" par M. Waked et de "hâtive" par M. Abol Naga.
Suivis par des millions d’abonnés, ces vedettes du cinéma ont joué dans plusieurs films et séries télévisées en Egypte et à l’étranger.
M. Waked avait récemment déclaré avoir été empêché de renouveler son passeport auprès des autorités consulaires égyptiennes, après avoir dénoncé la réforme constitutionnelle en cours.
Actuellement débattue par un Parlement largement acquis au gouvernement, cette réforme prévoit notamment d’accroître le pouvoir de l’armée et de l’exécutif.
Elle permettrait également au président Sissi de rester en poste encore 12 ans après 2022, date de fin de son deuxième et dernier mandat selon la Constitution actuelle.
Mercredi, un groupe de partis d’opposition, marginalisé par les médias locaux et ayant peu d’écho auprès de la population, a exprimé publiquement son rejet de la réforme.
Le Mouvement civile démocratique a ainsi jugé, au cours d’une conférence de presse au Caire, que cette réforme allait "consolider la dictature et l’autocratie".
L’ancien parlementaire Mohamed Anouar al-Sadate, connu pour ses positions en faveur des libertés, et le candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2014, Hamdeen Sabahi, sont deux des figures de ce mouvement.
"Le peuple égyptien veut un pouvoir juste qui réussit", a déclaré M. Sabahi au cours de la conférence de presse.
Depuis l’arrivée au pouvoir de M. Sissi, nombreux opposants, journalistes et artistes ont été emprisonnés.
La semaine dernière, l’écrivain égyptien Alaa al-Aswani, auteur du célèbre roman "L’immeuble Yacoubian", a affirmé être "accusé dans une affaire militaire" pour ses positions anti-Sissi.
Une grande vedette de la pop, la chanteuse Sherine Abdel Wahab, a également été interdite temporairement d’exercer par le Syndicat des musiciens, après avoir ironisé sur le manque de liberté d’expression en Egypte.
Les ONG locales et internationales accusent régulièrement l’Egypte de réprimer les voix dissidentes et de violer les droits humains.
Le gouvernement dément et met l’accent sur le maintien de la stabilité dans le pays.