Le très controversé humoriste comptait donner dès 14H00 son nouveau spectacle "Asu Zoa" à son théâtre parisien de la Main d’Or (XIe), a précisé Me Jacques Verdier. L’arrêté interdiction pris vendredi soir par la préfecture de police de Paris mentionne "Le Mur", et pas ce nouveau spectacle, a-t-il souligné.
A l’heure dite, le passage de la Main d’Or était bouclé par les forces de l’ordre. Du côté du Faubourg-Saint-Antoine, une poignée de partisans de Dieudonné, surtout de jeunes hommes, sont bloqués par les CRS. Quelques cris s’élèvent : "Dieudo, Dieudo"’. Une dame d’une soixantaine d’années crie : "Vive la dictature juive!". Un jeune homme insulte une journaliste de télévision.
Depuis vendredi soir sur sa page Facebook, Dieudonné affirmait ne plus vouloir donner "Le Mur", mais lancer ce nouveau spectacle "Asu Zoa".
Indiquant l’avoir écrit "en trois nuits", il le décrit comme un spectacle "de danse et de musique, de mime et même de quelques mouvements de taï-chi", s’inspirant de "mythes ancestraux et de croyances primitives". Son affiche représente un éléphant dans la savane.
Un autre avocat du polémiste, Me Sanjay Mirabeau, avait auparavant annoncé vouloir attaquer en justice les interdictions des spectacles à Orléans et dans la capitale.
Comme ces derniers jours pour les spectacles de Nantes et Tours, un recours en référé (en urgence) a été déposé au Conseil d’Etat, plus haute juridiction administrative, contre l’ordonnance du tribunal administratif d’Orléans ayant confirmé samedi matin l’interdiction de la représentation prévue dans la soirée dans cette ville.
L’audience est prévue ce samedi à 16H00 au Conseil d’Etat.
Appel à manifester
Par ailleurs, Me Mirabeau a annoncé son intention de déposer auprès du tribunal administratif de Paris un recours contre l’arrêté d’interdiction du préfet de police de Paris. Me Verdier préférait lui souligner que Dieudonné avait changé de spectacle.
Dans une vidéo de deux minutes postée sur YouTube, Dieudonné s’en est pris vendredi une nouvelle fois au ministre de l’Intérieur. "Valls m’a déclaré la guerre", affirmait Dieudonné, ajoutant qu’il y a eu une "non violence extraordinaire à Nantes".
Le polémiste proposait par ailleurs à son public d’acheter "de manière massive" le DVD de son spectacle Le Mur: "Plus vous serez nombreux et plus je pourrai continuer le combat". Il demandait d’envoyer un chèque de 43 euros à l’ordre des Productions de la Plume ou le ticket du spectacle annulé de la tournée.
Au cours de précédentes représentations de son spectacle "Le Mur", Dieudonné s’est notamment livré à des attaques contre des personnalités juives, notamment le journaliste de France Inter Patrick Cohen.
Arno Klarsfeld, de l’Association des fils et filles des déportés juifs de France (FFDJF), avait annoncé vendredi à l’AFP que la FFDJF ne voyait pas d’opposition à ce que Dieudonné fasse un spectacle si celui-ci s’engageait à ne plus tenir de propos antisémites.
"Ce spectacle", selon lui, "ne serait dès lors plus un meeting anti-Juifs et cet engagement mettrait fin à un trouble de l’ordre public", argument du Conseil d’Etat pour confirmer l’interdiction du spectacle.
Dieudonné a de toute façon appelé ses partisans vendredi après-midi sur sa page Facebook à manifester le 26 janvier à la Bastille à Paris.
Selon un sondage BVA pour iTélé-CQFD, 83 % des Français ont une mauvaise opinion de Dieudonné mais 74 % des personnes interrogées pensent que le gouvernement parle "trop" de cette affaire Dieudonné, une courte majorité (52 %) étant hostile aux interdictions du spectacle.