Des ONG plaident à Marrakech pour un traitement plus humain des migrants

Le Pacte mondial sur les migrations des Nations Unies adopté, les défenseurs des droits de l’Homme et les ONG appellent les pays signataires à mettre réellement en oeuvre leurs engagements, au-delà des seuls discours officiels, en plaidant pour un traitement plus humain des migrants.

"La migration n’est pas un crime, sauver des vies n’est pas un crime, en tant que représentants gouvernementaux, vous pouvez et vous devez agir… S’il vous plait, ne lâchez pas, vous qui êtes venus adopter le Pacte", a lancé mardi la présidente de l’ONG Médecins sans frontières (MSF) Joanne Liu, pendant un des deux dialogues organisés pendant la conférence de Marrakech.

Lundi, un total de 164 des 193 pays membres ont adopté par proclamation le texte non contraignant destiné à renforcer la coopération internationale pour une "migration sûre, ordonnée et régulière".

Les orateurs ont poursuivi mardi leurs plaidoyers en faveur du Pacte qui a suscité dans plusieurs pays une opposition virulente des souverainistes, des nationalistes et des partisans de la fermeture des frontières.

Non contraignant, le Pacte recense des principes –défense des droits de l’homme, des enfants, reconnaissance de la souveraineté nationale– et liste 23 propositions pour mieux gérer la migration, comme l’échange d’informations et d’expertises, ou l’intégration des migrants. Il préconise d’interdire les détentions arbitraires, n’autorisant les arrestations qu’en dernier recours.

"on parle d’un pacte contraignant ou non contraignant…"

Ses détracteurs le voient comme un encouragement à un flux migratoire incontrôlé. Les défenseurs des droits de l’Homme le soutiennent mais regrettent son caractère non contraignant et le trouvent insuffisant sur plusieurs points: droits des migrants, accès à l’aide humanitaire et aux services de base, statut juridique, etc…

"La société civile va surveiller ce qui se passe et demandera des comptes", a souligné l’ONG Oxfam tout en saluant ce "moment historique".

"Il est important de saisir cette chance et de pousser pour que ça avance, sans être naïf sur le fait que les gouvernement ne respectent pas leurs obligations", explique Sarnata Reynolds, responsable d’Oxfam pour les migrations.

Des officiels de l’ONU font le même constat. La Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme Michelle Bachelet a ainsi reconnu lors d’une cérémonie officielle dédiée au 70e anniversaire de la déclaration des droits de l’homme que "les Etats n’ont pas toujours tenu les engagements qu’ils ont pris il y a 70 ans" tout en insistant sur les progrès accomplis.

En ce qui concerne la migration, "on parle d’un pacte contraignant ou non contraignant… Mais il y a maldonne: il ne s’agit pas de politique intérieure mais de dignité de l’être humain", s’inquiète Francesco Rocca, président de la Croix rouge internationale, se disant indigné par la situation "inacceptable" des migrants placés en centre de détention en Libye.

"Nous n’arrêtons pas de dire que la Libye n’est pas un endroit sûr (…) mais les gouvernements européens se contentent d’utiliser l’argent public pour financer les centres de détention" dans le pays, renchérit Joanne Liu, de MSF.

Comme souvent lors de grandes conférences internationales, la place accordée aux militants et aux acteurs de terrain est resté très limitée à Marrakech, même si la fondatrice de "One Child", une association centrée sur les mineurs migrants, a été invitée à prendre la parole à l’ouverture officielle des débats.

"La migration peut être bien entendu une expérience sûre et positive… Mais que dire des 30 millions de mineurs qui sont obligés de partir de chez eux à cause de violences et des conflits?", a lancé Cheryl Perera devant la conférence.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite