Des centaines d’étudiants sont descendus mardi dans les rues d’Alger pour manifester et marquer leur rendez-vous habituel, réclamant le départ du régime.
Malgré les cordons policiers, ces étudiants, soutenus par les citoyens, ont réussi à parcourir quelques centaines de mètres des rues d’Alger, à partir de la place « les martyrs » pour rejoindre la grande poste.
Ces manifestants scandaient des slogans du Hirak réclamant notamment un changement radical du régime, une nouvelle Algérie et une rupture avec l’ancien régime et ses résidus et « la répression n’est pas une solution ».
Brandissant des banderoles, ces étudiants ont plaidé pour une presse libre et une justice indépendante, un Etat civil et non militaire ou encore une « Algérie libre et démocratique ».
Lundi soir, le président Abdelmajid Tebboune avait accusé les manifestants du Hirak, notamment les partisans d’un « Etat civil et non militaire », de vouloir déstabiliser le pays.
Il a affirmé, lors d’une entrevue avec les responsables de médias algériens, que certains manifestants sont sortis pour scander certains slogans qui menacent la stabilité du pays.
Ces manifestants sont « formés » par des « lobbys étrangers » pour attenter à la stabilité de l’Etat algérien en semant la division au sein des institutions stratégiques du pays, a-t-il dit.
Il a même accusé les Hirakistes qui scandent ce slogan d’avoir été « entraînés » et « formés » lors de rencontres internationales organisées dans plusieurs pays africains et européens dans le seul objectif de saboter la stabilité de certains Etats ciblés par des lobbys étrangers.
Dernièrement, plusieurs organisations algériennes et internationales ont exprimé leurs inquiétudes quant à la répression du droit à la liberté d’expression dans ce pays maghrébin.
Dans ce sens, un grand nombre d’eurodéputés ont interpellé le Haut représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, sur les intimidations et les abus en tous genres que subissent toujours les activistes du Hirak.
Dans une lettre adressée à M. Borell, ces eurodéputés, toutes tendances politiques confondues, affirment que plusieurs rapports d’ONG, internationales et nationales, « font état d’une répression continue des militants pacifiques » du mouvement populaire.
Selon eux, ces rapports ont dévoilé plusieurs cas de « tortures et d’abus contre les détenus d’opinion ».
Les eurodéputés estiment qu’il est « impératif » que ces violences fassent « l’objet d’une enquête indépendante » pour identifier les responsables, rappelant la récente résolution du Parlement européen « sur la détérioration de la situation des droits humains en Algérie » et qui exige le lancement d’investigations sur ces violations répétées du droit à la liberté d’expression au pays.
Parmi ces rapports figure celui de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme qui avait fait état de centaines de personnes interpellées dans une vingtaine de wilayas à l’occasion du 2è anniversaire du Hirak.
De son côté, la Haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Michelle Bachelet, a invité le gouvernement à continuer sur la voie du dialogue et à « immédiatement libérer tous ceux détenus pour avoir participé pacifiquement à des manifestations ».
Après un an d’arrêt, Covid-19 oblige, des milliers d’Algériens sont descendus dans la rue, mardi et vendredi derniers, marquant un retour spectaculaire des marches hebdomadaires du Hirak réclamant le départ du régime et l’instauration d’un Etat de droit.