Coronavirus: vers un vaccin accessible à tous les pays d’Amerique latine
L’Amérique latine, région la plus touchée au monde par l’épidémie de Covid-19, s’est placée dans les starting-blocks pour produire d’urgence le prochain vaccin, qu’il vienne de Russie ou d’Europe, alors de nouvelles mesures sanitaires surgissent un peu partout.
L’Argentine et le Mexique vont prendre en charge la production et la distribution en Amérique latine, sauf au Brésil, du futur vaccin contre le coronavirus élaboré par le laboratoire anglo-suédois AstraZeneca et l’université d’Oxford, a annoncé le président argentin Alberto Fernandez dans la nuit de mercredi à jeudi.
AstraZeneca a signé un accord avec la Fondation Carlos Slim « pour produire entre 150 et 250 millions de vaccins destinés à toute l’Amérique latine à l’exception du Brésil, qui seront disponibles pour le premier semestre 2021 », a dit le dirigeant en conférence de presse.
L’idée est de fournir aux pays d’Amérique latine un vaccin « à des prix plus raisonnables », entre 3 et 4 dollars la dose. Le bureau d’AstraZeneca au Mexique a assuré que la production du vaccin se ferait « sans bénéfice économique » pour le laboratoire.
Le Mexique, 3e pays au monde le plus endeuillé avec 53.929 décès, a aussi annoncé avoir conclu de nouveaux accords avec l’américain Janssen Pharmaceuticals et les chinois CanSino Biologics et Walvax Biotechnology afin de participer à des essais cliniques à partir de septembre en vue d’un éventuel vaccin.
L’Amérique latine et les Caraïbes sont la région du monde la plus touchée par la pandémie, avec 225.596 décès pour 5.720.309 cas, selon un bilan établi par l’AFP à partir de sources officielles, mercredi à 11h00 GMT.
Le Brésil et le vaccin russe
Au Brésil, 2e pays le plus affecté au monde avec 104.201 morts, c’est l’Etat du Parana (sud) qui a signé mercredi un protocole d’accord avec la Russie pour essayer et produire son nouveau vaccin Spoutnik V contre le coronavirus, dont l’efficacité est pourtant sujette à caution.
Une équipe de travail brésilienne évaluera la semaine prochaine les résultats des essais du vaccin russe, réalisés en phase un et deux, qui seront remis par la Russie, alors que la phase trois, la dernière avant l’homologation, est toujours en cours.
A la surprise générale, le président russe Vladimir Poutine avait affirmé mardi que son pays avait développé le « premier » vaccin contre le Covid-19 et allait le produire dès septembre, alors même que les essais ne sont pas terminés.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS), pour sa part, a déclaré mercredi attendre « avec impatience » de pouvoir analyser les résultats des essais cliniques russes du vaccin.
« L’OMS est en contact avec les scientifiques et les autorités russes et attend avec impatience d’étudier les détails des essais » cliniques, a affirmé le communiqué de l’Organisation basée à Genève.
Interdiction de fumer
Parallèlement à la course au vaccin, de nombreux pays ont mis en place mercredi diverses mesures sanitaires, voire de reconfinement, alors que le coronavirus a tué 745.783 personnes à travers la planète depuis son apparition en décembre, selon le dernier bilan établi par l’AFP jeudi à 00H30 GMT.
L’Allemagne a ajouté mercredi Bucarest et plusieurs régions de Roumanie à sa liste de zones considérées comme à haut risque de contamination par le Covid-19, obligeant son ministre du Travail à annuler une visite dans la capitale roumaine.
En Espagne, la province de Galice (nord-ouest) va à partir de jeudi interdire de fumer dans les rues et aux terrasses de café s’il n’est pas possible de respecter une distance de sécurité d’au moins deux mètres entre les personnes. Cette mesure, inédite en Espagne qui compte 28.579 décès, vise à tenter de freiner la transmission du virus.
La Turquie, quant à elle, s’est résolue à retarder d’un mois la rentrée des établissements scolaires et des universités, le nombre de cas de contaminations au coronavirus enregistrés chaque jour étant supérieur à 1.000.
« Les écoles rouvriront avec l’enseignement à distance le 31 août », a déclaré le ministre de l’Education Ziya Selcuk, espérant un retour progressif dans les classes à partir du 21 septembre.
Confinement dominical
Le Pérou, 3e pays le plus affecté en Amérique latine après le Brésil et le Mexique, va réinstaurer un confinement dominical. Le Venezuela a étendu à un cinquième mois consécutif l’interdiction de vols commerciaux. Son ministre de la Communication, un proche du président Nicolas Maduro, a aussi révélé avoir été testé positif au coronavirus, de même que le gouverneur de Sao Paulo au Brésil.
En Nouvelle-Zélande, jusqu’ici modestement touchée, il est envisagé de prolonger le confinement de trois jours actuellement en vigueur dans la plus grande ville, Auckland, tandis que la Première ministre, Jacinda Ardern, a indiqué songer à un possible report des élections du 19 septembre.
Les Etats-Unis restent le pays le plus affecté, tant en nombre de morts que de cas, avec 165.909 décès pour 5.191.689 cas recensés, selon le comptage de l’université Johns Hopkins mercredi.
Un des épicentres de l’épidémie, la Floride, Etat très touristique mais qui abrite aussi une forte population de retraités, a enregistré mardi un record de 276 décès en une journée et encore 212 mercredi, portant le nombre total de morts à 8.765.
Cela n’a pas empêché un shérif local d’interdire le port du masque à ses agents de police de même qu’aux visiteurs de son commissariat.
« A la lumière des récents événements et considérant le ressentiment et/ou la haine contre les forces de l’ordre dans notre pays aujourd’hui », les personnes entrant dans le commissariat devront ne pas porter de masque afin « d’assurer une communication claire et dans un but d’identification », a écrit ce shérif.