Colombie : un « verdict du siècle » attendu le 28/07 dans le procès contre l’ancien président Uribe
Le procès de l’ancien président colombien Alvaro Uribe (2002-2010) est entré cette semaine dans sa phase finale avec un jugement attendu lundi 28 juillet dans une affaire qui pourrait marquer un tournant judiciaire et politique en Colombie.
Accusé de fraude procédurale, de subornation de témoins et de corruption dans une procédure pénale, l’ex-chef de l’État dénonce une « persécution politique » et rejette toutes les charges retenues contre lui.
Ce procès sans précédent pourrait faire d’Uribe, figure influente de la droite colombienne, le premier ancien chef de l’État à être condamné pénalement dans l’histoire du pays, mettant fin à un long contentieux aux origines politiques.
L’affaire remonte à 2012, lorsque Uribe avait accusé le sénateur de gauche Ivan Cepeda de manipuler des témoins pour l’impliquer dans des liens avec le paramilitarisme. Mais en 2018, la Cour suprême a écarté les charges contre Cepeda et a décidé d’ouvrir une enquête contre Uribe lui-même, soupçonné d’avoir tenté d’influencer des témoins incarcérés pour discréditer son rival.
Depuis le début du procès, Uribe n’a cessé de dénoncer des motivations politiques derrière les accusations. Sur son compte X, il a réaffirmé ce vendredi, à quelques jours du verdict, être victime de pressions et d’un traitement partial, ciblant en particulier le président actuel Gustavo Petro, qu’il accuse d’avoir « influencé la justice » à travers des déclarations publiques.
Petro, premier président de gauche du pays et adversaire politique déclaré de Uribe, a de son côté, rejeté toute implication dans le dossier et a renvoyé la responsabilité des pressions sur les soutiens de l’ancien président.
La procédure contre Uribe a connu plusieurs rebondissements. En août 2020, la Cour suprême avait ordonné la détention domiciliaire de l’ancien président. Après 67 jours, Uribe a été libéré, mais il a entre-temps renoncé à son siège au Sénat, permettant le transfert de l’affaire à la justice ordinaire.
Deux procureurs ont tenté d’obtenir un non-lieu, mais leur requête a été rejetée. En février dernier, un troisième procureur a formellement lancé l’accusation, ouvrant la voie au procès actuel.
Le sénateur Cepeda, aujourd’hui membre de la coalition au pouvoir formée par Petro, « Le Pacte Historique », a salué la tenue du procès, y voyant une victoire pour l’État de droit après des « années de lutte et de persécutions de toutes sortes ».
Le jugement attendu lundi prochain pourrait avoir des répercussions majeures sur la scène politique nationale, notamment sur la campagne pour la présidentielle de mai 2026.
Uribe reste une figure centrale du parti d’opposition « Centre démocratique », et toute condamnation pourrait affecter son influence et celle de ses alliés.
Lors de sa dernière intervention à l’audience, Alvaro Uribe a défendu son intégrité : « Ce qui m’importe, c’est ma réputation, mon engagement envers la Colombie, envers ma famille (…) ma conscience me dit que j’ai toujours dit la vérité. »
