CasaNearshore, modèle de l’offshoring marocain
Les autorités du Royaume pourraient-elles être dépassées par le succès croissant de l’offshore marocain, démarré dans le cadre du plan Emergence de 2005 ? Dans ce cadre un peu formel au départ, quatre grands pôles constituant les fondations d’un réseau de parcs technologiques et offshore avaient été identifiés, avec : le Casablanca Nearshore Park, Rabat Technopolis, et ultérieurement, le parc de Fès, destiné à accueillir des centres de relation clientèles (CRM, customer relationship management) et de Marrakech, dont le projet reste encore en phase d’études et d’analyses.
Certes, il convient de relever le poids des acteurs des services informatiques, mais qui s’explique aisément par la prééminence de la gestion des applications ou d’infrastructures, ainsi que le développement-maintenance informatique.
M. Otmane Serraj, directeur général de Dell Maroc explique ainsi que « le coût de revient global du site Dell à CasaNearshore est trois fois moins élevé qu’aux Etats-Unis ». Il est vrai que les salaires sont une véritable source de compétitivité pour les grands groupes, puisque le salaire d’un étudiant en informatique Bac+2 s’établit à environ 8 000 dirhams par mois, soit 725 euros ! Et soulignons que le Maroc forme des ingénieurs de qualité, non seulement au travers du cursus des grandes écoles, mais également par le biais des filières universitaires. Une expertise que reconnaît ouvertement M. Frédéric Gallemand, directeur général d’Ubisoft Maroc, qui avoue « trouver au Maroc, sans difficultés, des programmeurs moitié moins chers qu’en France ».
CasaNearshore est donc la figure emblématique de l’offshore marocain. Ce projet a été lancé à l’initiative de Med-Z, une filiale à 100% de la Caisse des dépôts et de gestion marocaine (CDP). Les conditions d’implantation pour les entreprises candidates étaient extrêmement attractives, avec une exonération d’impôt sur les bénéfices sur cinq exercices, un plafonnement des charges, des loyers préférentiels et des subventions à la formation. Relevons aussi que le succès de CasaNearshore se justifie par un net resserrement du calendrier des travaux. La fin du chantier, initialement planifiée pour 2015 a été avancée de 3ans ½ !
Le nouveau calendrier des travaux prévoit donc un achèvement du parc à mi-2011, qui s’étendra alors sur 8 hectares, offrant plus de 300 000 m² d’espaces de bureau et de services. Les infrastructures devront suivre, avec une ouverture (déjà réalisée) à tous les opérateurs télécoms marocains du site, le raccordement des liaisons par l’Office national des chemins de fer (ONCF) avec la gare des facultés, l’augmentation des capacités des parkings, des capacités de restauration, etc…
Le fort potentiel de l’offshoring marocain
Selon M. Mohamed Lasry, administrateur directeur général de CasaNearshore, « le Maroc se positionne dans le marché du nearshore francophone, puis hispanophone ». Trois filières présentent un potentiel prometteur. Premièrement, la filière « banque et assurance », avec à la clé la gestion des moyens de paiement, la gestion des contrats et celle des sinistres.
Deuxièmement, la filière « "administration », qui capte le traitement délocalisé des opérations de la comptabilité-finance, les services clientèles, les prestations de gestion des ressources humaines avec la gestion de la paie et du personnel. Troisièmement, la filière informatique, sans doute aujourd’hui la plus importante, englobant la gestion d’applications ou d’infrastructures ainsi que le développement-maintenance.
Aux côtés de CasaNearshore, il conviendrait aussi d’évoquer le succès de Rabat Technopolis, qui n’est pas un concurrent en l’espèce, puisque ce nouveau pôle affirme une autre ambition, avec une spécificité dans la R&D, des interactions avec les universités et les centres de développement technologiques, etc… Il n’en demeure pas moins que CasaNearshore est devenu un standard de référence, sur lequel s’appuieront le développement des parc de Fès (en cours) et de Marrakech (à venir).
Didier Lacaze