"J’ai décidé de soumettre au Conseil national du une primaire ouverte à (la Belle Alliance populaire, soit le PS, le PRG et les écologistes pro-gouvernement, NDLR)" si, hypothèse très probable, "la primaire de toute la gauche était impossible", a écrit M. Cambadélis à l’AFP.
Cette consultation, au format proche de la "primaire citoyenne" de 2011, pourrait se dérouler "les deux derniers week-ends de janvier 2017, si la primaire de toute la gauche était impossible en décembre", a-t-il ajouté.
Dans une interview à Libération, M. Cambadélis précise avoir informé de son initiative le président de la République et que, pour ce dernier, "le Parti socialiste se détermine comme il le souhaite". Selon des proches du président François Hollande, celui-ci est prêt à se soumettre à cet exercice. Il dira s’il est ou non candidat courant décembre.
"Si je ne suis pas en mesure de remporter la primaire, comment pourrais-je espérer remporter la présidentielle ?", leur a confié le chef de l’Etat, élu en 2012 après avoir remporté la primaire.
C’est "un moyen de rassembler. C’est aussi un moyen de mesurer les nuances, interrogations, divergences… Et de convaincre", explique M. Cambadélis à Libération.
Soucieux que la compétition soit "loyale et représentative", M. Cambadélis indique qu’une commission de suivi de la primaire "fera des propositions pour le mois de septembre" sur les conditions de son organisation.
Proposée en janvier dans Libération par un collectif d’intellectuels et d’écologistes, l’idée d’une primaire de toute la gauche a fait long feu: après Jean-Luc Mélenchon, qui avait immédiatement refusé d’y participer, le PCF et EELV l’ont également écartée lors de leurs congrès début juin.
"On nous a claqué la porte au nez, sans autre considération qu?une volonté punitive du PS", déplore M. Cambadélis. Mais l’aile gauche du parti et des proches du président de la République comme du Premier ministre Manuel Valls poussaient ces derniers jours pour l’organisation d’une telle consultation, même restreinte au PS et à ses plus proches alliés, comme le prévoient d’ailleurs ses statuts.
"Ma conviction, c’est que s’il n’y a pas de primaire, on n’arrivera pas à faire l’union de la gauche (…) Le risque c’est qu’on passe la campagne à débattre entre nous", expliquait par exemple sous couvert d’anonymat un proche de Manuel Valls.
Pour un autre ténor du PS, la primaire permettra au président de la République de "purger son bilan" et de se "relégitimer". A l’inverse, de nombreux proches du président de la République étaient a priori hostiles à cette idée, considérant qu’un président sortant n’a pas besoin de passer par une primaire, et que se prêter à l’exercice constituerait en soi un aveu de faiblesse.
Mercredi, le Premier secrétaire du PS avait mis sur la table plusieurs possibilités: primaire de toute la gauche, primaire de la Belle alliance populaire, congrès pour modifier les statuts du parti, simple désignation.
Présentée par plusieurs responsables du PS comme la plus probable, l’hypothèse d’un congrès d’enterrement de la primaire a fait hurler les frondeurs. "Je n’imagine pas un instant qu’on puisse balayer d’un revers de main cette idée de primaire", "unanimement louée comme un progrès démocratique. On l’imite à droite. Et les socialistes français renonceraient ? Est-ce que François Hollande a peur de la primaire?", avait dénoncé le chef de file des frondeurs Christian Paul.
S’il n’y a pas de primaire, "je suis libre et je ferai usage de ma liberté", avait aussi prévenu l’ancien ministre de l’Economie Arnaud Montebourg, faisant planer la menace de sa candidature face au PS au premier tour de la présidentielle. Coup de bluff du premier secrétaire ? "Oui, il a fait du bon bluff", sourit un visiteur de l’Elysée.
Source AFP