Bill Gates tenté par le nucléaire civil
Il s’est rapproché de Toshiba en vue de construire un petit réacteur qui consommerait peu d’uranium.
«Toshiba a entamé des discussions préliminaires avec TerraPower. Nous envisageons la possibilité de travailler ensemble», a déclaré le porte-parole de Toshiba, Keisuke Ohmori, confirmant une information du quotidien Nikkei.
Bill Gates et d’autres dirigeants de TerraPower ont visité l’an dernier un laboratoire de recherche nucléaire de Toshiba près de Tokyo, a-t-il indiqué. Keisuke Ohmori a précisé que les discussions n’en sont qu’au stade de l’échange d’informations. «Rien de concret n’a encore été décidé concernant le développement ou l’investissement», a-t-il insisté.
Le TWR (Traveling Wave Reactor), dont aucun exemplaire n’a encore été construit, consommerait de l’uranium appauvri, contrairement aux réacteurs classiques à eau légère (LWR) qui doivent être rechargés régulièrement en uranium enrichi. Selon le Nikkei, Bill Gates a l’intention d’investir personnellement une partie de sa fortune pour faire du TWR une réalité.
TerraPower, une société basée à Washington et contrôlée par Gates, a l’ambition de commercialiser le TWR à l’horizon 2020. Mais elle n’a aucun savoir-faire en matière d’édification de centrales nucléaires, d’où son projet d’alliance avec Toshiba, expert en la matière, a expliqué le quotidien.
«TerraPower est en train de développer un petit réacteur nucléaire et Toshiba est en train de développer un autre type de petit réacteur nucléaire. Ils sont intéressés dans les technologies de Toshiba» pour fabriquer leur propre réacteur, a expliqué le porte-parole du groupe japonais.
Selon le Nikkei, la principale difficulté à surmonter avant de se lancer dans la construction consistera à concevoir des matériaux capables de supporter des réactions nucléaires pendant une période aussi prolongée. Toshiba estime que la mise au point de ces matériaux mettra environ dix ans.
Le TWR, un concept qui a commencé à être étudié dans les années 1950, n’utiliserait qu’une petite quantité d’uranium enrichi, chargée au moment de la construction de réacteur et qui servirait à démarrer la réaction en chaîne. Il pourrait ensuite continuer à fonctionner entre 50 et 100 ans à partir d’uranium appauvri, dont d’énormes stocks existent de par le monde.
Selon Terra Power, le TWR consommerait donc beaucoup moins de combustible qu’un réacteur classique, produirait moins de déchets radioactifs et réduirait les risques de prolifération de matériaux nucléaires sensibles.
Toshiba, qui a racheté en 2006 le constructeur de réacteurs nucléaires américains Westinghouse, espère que ses activités atomiques lui rapporteront 1.000 milliards de yens (8 milliards d’euros) de chiffre d’affaires par an à l’horizon 2015, soit deux fois plus qu’actuellement.
(Source AFP)