Au Maroc, la guerre des ministrables a commencé

Narjis Rerhaye (A Rabat)

Le temps monarchique n’est pas le temps politique. Saadeddine El Othmani devra encore attendre avant de voir son gouvernement réuni au grand complet. Le roi Mohammed VI s’est envolé lundi soir aux Emirats Arabes unis et devra se rendre dimanche 12 novembre au Qatar. Pour le personnel politique, le voyage royal est un indicateur. Le remaniement ne se fera pas cette semaine.

En attendant, à Rabat, les tractations vont bon train entre le chef de gouvernement le Secrétaire général du PPS, Nabil Benabdallah, et Mohand Laenser, le patron du Mouvement populaire. « Nous nous parlons régulièrement », a confié ce mardi 7 novembre N. Benabdallah à Atlasinfo. L’homme s’interdit d’en dire plus tout en démentant l’information selon laquelle El Othmani ne voudrait pas d’anciens ministres dans son équipe.

Le remplacement des quatre ministres limogés par le souverain sera-t-il l’occasion d’un remaniement profond et d’un changement de l’architecture de l’Exécutif ? Non, à en croire le locataire de la primature qui parle d’un simple remaniement technique pour remplacer les ministres démis de leurs fonctions.

Au PPS, c’est la même thèse qui est défendue avec force. Le leader du PPS l’a répété samedi 4 novembre, devant les militants du comité central réuni en session extraordinaire pour débattre du maintien de leur parti au sein du gouvernement . « Le PPS va rempiler pour les mêmes portefeuilles qu’il occupait, c’est-à-dire le ministère de l’habitat, l’urbanisme et la politique de la ville et celui de la santé », peut-on substance lire dans le rapport politique lu par Nabil Benabdallah devant le comité central. Ces deux portefeuilles ministériels étaient, on s’en souvient occupés respectivement par Nabil Benabdallah et Houssine Louardi.

Le Mouvement populaire ne l’entend pas vraiment de cette oreille. Les Harakis plaideraient pour une redistribution des cartes et les caciques du parti sont en ordre de bataille pour des postes à pourvoir y compris ceux occupés jusque-là par le PPS. « Une telle option provoquerait une véritable crise de la majorité sachant que le PPS n’accepterait jamais un tel revers après l’humiliation qu’ils viennent de vivre », fait valoir ce ministre du Rassemblement national des indépendants, bien au fait des arcanes politiques.

Silencieux comme un sphinx et en vieux routier de la politique politicienne, Mohand Laenser n’écarterait aucun scénario, y compris celui de ministrables issus de la société civile que l’on prendrait soin de draper aux couleurs du Mouvement populaire. « M. Laenser sait très bien qu’il n’a personne pour un chantier aussi important et stratégique que l’éducation nationale », soupire cet observateur de la chose politique.

Il reste que la guerre des noms de ministrables ne fait que commencer aussi bien au PPS qu’au Mouvement populaire. Les candidats à la ministrabilité se positionnent. Les CV circulent. Les ambitions des uns et des autres sont déclarées. La presse est même appelée à la rescousse. Au sein des deux formations politiques, la pression est palpable.

D’ici le remaniement, aucun nom ne sera dévoilé. Les deux leaders consultés par El Otmani s’en sont fait la promesse solennelle. « C’est une règle que je me suis fixée. Et je l’ai toujours respectée », a déclaré le Secrétaire général du PPS à Atlasinfo.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite