Au G20, un « MBS » très entouré

Accueilli chaleureusement par Poutine, sur un ton badin par Trump, et plus fraîchement par Macron: le prince Mohammed Ben Salmane, héritier du trône saoudien, a été très entouré au début du sommet du G20.

"MBS", surnom qui lui avait été donné à l’époque où il était salué comme un grand réformateur, y fait sa première grande apparition sur la scène internationale depuis le scandale autour de Jamal Khashoggi, un journaliste critique à son égard tué dans le consulat saoudien à Istanbul début octobre.

Accusé ou soupçonné d’avoir commandité l’assassinat, Mohammed ben Salmane voit aussi sa réputation entachée par le rôle que joue l’Arabie saoudite dans l’interminable et sanglant conflit yéménite.

Loin de se trouver ostracisé en Argentine, ou d’être traité en "paria" comme le prédisaient certains experts, le prince héritier a été au contraire très entouré.

Lui aussi critiqué, cette fois pour avoir remis le feu aux poudres du conflit ukrainien, le président russe Vladimir Poutine a retrouvé le Saoudien avec un enthousiasme manifeste à Buenos Aires, où les chefs d’Etat et de gouvernement du G20 se réunissent pendant deux jours.

Peu avant de prendre place autour de la table des discussions, le président russe et le prince héritier saoudien se sont salués avec un geste à mi-chemin entre la poignée de main et le "tope-là" de deux sportifs ou adolescents.

Ils ont ensuite continué à bavarder en échangeant de grands sourires, avant de s’assoir, selon les images diffusées par les organisateurs, qui sont rapidement devenues virales sur les réseaux sociaux.

Le plan de table a placé côté à côte ces deux protagonistes-clé d’un sommet sous très haute tension.

Le Russe et le Saoudien ont un intérêt stratégique majeur en commun: le pétrole. Le cours de l’or noir, en chute libre, est suspendu depuis des semaines à un éventuel accord des deux puissances pétrolières sur une baisse de production.

La Maison Blanche a elle indiqué que "MBS" avait "échangé des plaisanteries" avec Donald Trump en marge du sommet. Le président américain est l’un des principaux soutiens du prince saoudien, sur lequel il compte justement pour maintenir un cours bas du pétrole.

On a également vu le prince de 33 ans s’entretenir avec la fille du président américain Ivanka Trump, et serrer la main d’Emmanuel Macron.

Mohammed ben Salmane a également eu une courte conversation avec le président français.

A en croire la présidence française – des images de l’aparté ont circulé, mais sans enregistrement des voix – le chef d’Etat français lui a demandé "d’associer des experts internationaux à l’enquête" sur le meurtre de Jamal Khashoggi et il a défendu "la nécessité d’une solution politique au Yémen".

La Première ministre britannique Theresa May, interrogée par Sky News avant le sommet, entend elle aussi s’entretenir avec Mohammed ben Salmane pour réclamer une enquête "crédible" et "transparente" sur le meurtre de Jamal Khashoggi.

L’organisation de défense des droits de l’Homme Human Rights Watch a elle porté plainte lundi devant la justice argentine contre le prince.

Juste avant le sommet du G20, le prince avait achevé une tournée dans quatre pays arabes.

S’il a été bien accueilli aux Emirats arabes unis et à Bahreïn, deux de ses plus proches alliés, ainsi qu’en Egypte, il a en revanche fait face à des manifestations hostiles en Tunisie.

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