« Appel à la raison »: des personnalités juives se démarquent du gouvernement israélien
Des personnalités juives européennes engagées pour une paix entre Israéliens et Palestiniens ont lancé un « Appel à la raison », jugeant notamment « dangereux » un « alignement systématique sur la politique du gouvernement israélien ».
Le mouvement, intitulé J Call, pour "European jewish call for reason" devrait être officialisé le 3 mai à Bruxelles.
L’ « Appel à la raison » sera présenté et diffusé en direct lundi lors d’une réunion au Parlement européen, selon le site de l’appel (www.jcall.eu) qui compte déjà plus de 2.250 signataires, dont de très nombreux Français, Belges, Suisses, Italiens, etc.
Les auteurs du texte expliquent que « L’avenir d’Israël passe nécessairement par l’établissement d’une paix avec le peuple palestinien selon le principe « deux Peuples, deux États ». Nous le savons tous, il y a urgence ».
Selon les auteurs, « Israël sera confronté à une alternative désastreuse" , soit devenir un État où les Juifs seraient minoritaires; soit mettre en place un régime qui déshonorerait Israël et le transformerait en une arène de guerre civile’.
« Il importe donc que l’Union Européenne, comme les États-Unis, fasse pression sur les deux parties et les aide à parvenir à un règlement raisonnable et rapide du conflit israélo-palestinien », poursuivent-il, affirmant que « L’Europe, par son histoire, a des responsabilités dans cette région du monde »..
Les auteurs soulignent aussi le "danger" lié à "l’occupation" et à "la poursuite ininterrompue des implantations en Cisjordanie et dans les quartiers arabes de Jérusalem Est, qui sont une erreur politique et une faute morale », indiquant qu’ils « alimentent, en outre, un processus de
Les signataires, ambitionnant de "créer un mouvement européen capable de faire entendre la voix de la raison à tous.
Parmi les signataires figurent notamment Serge Blisko, député PS, Elie Chouraqui, cinéaste, Daniel Cohn-Bendit, député Vert européen, Boris Cyrulnik, psychiatre, Elisabeth de Fontenay, philosophe, Georges Kiejman, ancien ministre et avocat, Bernard-Henri Levy, philosophe, Pierre Nora, historien, membre de l’Académie française, Elisabeth Roudinesco, psychanalyste, Maurice Szafran, PDG de Marianne.
Elie Barnavi, historien, ancien ambassadeur d’Israël en France, qui vit à Bruxelles, a exprimé son soutien à cette initiative qui, selon lui, "a pris corps" au Centre communautaire laïc juif (CCLJ) à Bruxelles:
"Nous voulons ratisser large, pas dans l’idée de créer un second mouvement comme +la Paix maintenant+, mais dans la volonté de dépasser les clivages politiques car nous pensons que nombreux sont les Juifs européens modérés qui n’approuvent pas la politique du gouvernement israélien qui n’est ni légitime ni raisonnable mais plutôt suicidaire !", a-t-il déclaré.
Cet appel crée des remous dans la communauté juive française. Richard Prasquier, président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) a déploré à l’AFP des "formulations pas acceptables dans ce texte".
Sur internet, les réactions sont nombreuses et JSSNews.com, un webzine d’opinion israélien ayant pour langue principale le français, a lancé une campagne baptisée "Raison garder" pour "contrer J Call", relayée par l’Union des patrons et des professionnels juifs de France.
Pour sa part, côté, l’Union juive française pour la Paix (UJFP) n’apporte pas sa signature au texte du J Call dont "les Palestiniens sont les grands absents", tout en dénonçant la "politique intransigeante" du gouvernement Netanyahou d’un côté et le "monolithisme arrogant du Crif, courroie de transmission de la politique israélienne.