Algérie: manifestations pour réclamer la généralisation du berbère à l’école

Des manifestations de lycéens et étudiants ont lieu depuis une semaine dans plusieurs villes berbérophones d’Algérie, particulièrement en Kabylie, pour réclamer la généralisation de l’enseignement à l’école du tamazight, la langue berbère, promue langue officielle au côté de l’arabe en 2016.

Ces manifestations font suite au rejet, fin novembre en commission, d’un amendement à la loi de Finances déposé par le Parti des travailleurs (extrême-gauche, 11 députés). Cet amendement prévoyait "la généralisation de l’enseignement du tamazight dans toutes les écoles publiques et privées" d’Algérie, et son caractère "obligatoire".

En réaction, des manifestations quasi-quotidiennes de lycéens et étudiants ont vu le jour au cours de la semaine écoulée en Kabylie, région berbérophone traditionnellement frondeuse, ont rapporté les médias algériens.

Elles se sont déroulées pacifiquement à Tizi-Ouzou et Béjaïa, villes respectivement situées à 100 et 250 km à l’est d’Alger), selon les mêmes sources.

Jeudi, une marche d’étudiants à Bouira (100 km au sud-est d’Alger) a en revanche donné lieu à des échauffourées quand la police a tenté de disperser les manifestants, a affirmé à l’AFP un journaliste sur place.

Une autre marche dans cette même ville avait déjà connu de premiers heurts mardi, d’après des médias. L’université avait alors été fermée dans le but d’empêcher les étudiants de s’y rassembler.

Aucun bilan n’a été communiqué à la suite de ces incidents.

La grogne s’est aussi étendue ces derniers jours à d’autres localités majoritairement berbérophones, Boumerdès (45 km à l’est d’Alger) et Batna (400 km au sud-est), où des manifestations ont été rapportées.

Jusque dans les années 1990, l’Etat algérien, désireux d’unir le pays autour de l’arabité, a largement nié, voire réprimé les revendications identitaires et linguistiques de la population berbérophone, qui représente environ un quart de la population algérienne et est majoritairement concentrée en Kabylie.

Un Haut commissariat à l’Amazighité (HCA) a été créé en 1995 pour promouvoir notamment l’enseignement du tamazight dans les établissements publics, mais son action, régulièrement critiquée par les associations culturelles berbères, est restée relativement limitée.

Le tamazight a été reconnu langue nationale en 2002, après près d’un an de sanglantes émeutes en Kabylie (126 morts), avant d’être consacré langue officielle au côté de l’arabe dans la nouvelle Constitution adoptée en 2016.

Actuellement, le tamazight n’est enseigné que dans 37 départements sur les 48 que compte l’Algérie, selon le patron du HCA, El Hachemi Assad. (afp)

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