Algérie/ »Hirak »: « dégradation flagrante » de la liberté de la presse (RSF)

Pas moins de sept procès de militants du « Hirak » -mouvement de protestation antirégime sans précédent- étaient prévus ce jeudi dans tout le pays. Des procès de journalistes qui se déroulent aussi dans un climat de « dégradation flagrante de la liberté de la presse » selon RSF.

Le journaliste algérien Fodil Boumala, un ex-détenu militant du soulèvement populaire « Hirak », a pu recouvrer jeudi la liberté sous contrôle judiciaire en attendant son prochain procès, dans un climat de « dégradation flagrante de la liberté de la presse » selon RSF.

Le juge du tribunal de Dar El Beida, à Alger, a ordonné la remise en liberté de M. Boumala dans l’attente de son procès reporté au 2 juillet, ont indiqué ses défenseurs.

Interpellé dimanche devant son domicile à Alger par des policiers en civil, le journaliste et blogueur avait été placé mercredi sous mandat de dépôt.

Il est accusé d' »incitation à attroupement non armé », « outrage à corps constitué » et « publications pouvant porter atteinte à l’intérêt national ».

M. Boumala a déjà été condamné puis relaxé pour « atteinte à l’unité nationale ». Mais le parquet a interjeté appel et l’appel a été renvoyé au 30 juin.

Par ailleurs, une opposante politique connue, Amira Bouraoui, serait toujours en garde à vue jeudi soir à Alger, plus de 24 heures après son interpellation, selon plusieurs avocats.

Le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), une association de soutien, a affirmé n’avoir « aucune nouvelle » d’elle.

Ex-militante du mouvement Barakat (« Ça suffit! »), elle s’était fait connaître sur la scène politique en 2014 en incarnant l’opposition à un 4e mandat du président Abdelaziz Bouteflika, aujourd’hui déchu.

Deux autres figures de la contestation, le journaliste Khaled Drareni et l’activiste Samir Benlarbi, emprisonnés depuis mars dernier, ont été auditionnés « sur le fond » par le juge d’instruction du tribunal de Sidi M’Hamed à Alger. La procédure s’est déroulée au centre pénitentiaire de Kolea, à l’ouest d’Alger, où ils sont incarcérés.

« cesser d’instrumentaliser la justice »

M. Drareni est le fondateur du site d’information en ligne Casbah Tribune et le correspondant de la chaîne de télévision française TV5Monde et de l’ONG Reporters sans frontières (RSF) en Algérie.

Samir Benlarbi est un militant connu du « Hirak ».

Les deux hommes avaient été arrêtés le 7 mars lors d’une manifestation à Alger, en compagnie d’un troisième activiste, Slimane Hamitouche. Ce dernier sera entendu dimanche par le juge d’instruction.

Ils sont poursuivis pour « incitation à attroupement non armé » et « atteinte à l’unité nationale ».

Dans un communiqué publié jeudi, l’ONG Reporters sans Frontières (RSF) « appelle les autorités à cesser d’instrumentaliser la justice pour museler les médias ».

« La multiplication des poursuites contre les journalistes algériens est extrêmement inquiétante et fait état d’une dégradation flagrante de la liberté de la presse en Algérie », a accusé Souhaieb Khayati, directeur du bureau Afrique du Nord de RSF.

Quatre journalistes algériens ont fait l’objet cette semaine de poursuites judiciaires ou de condamnations à des peines de prison ferme.

Alternant la carotte et le bâton, le régime algérien continue à poursuivre et condamner militants du « Hirak », opposants politiques, journalistes et internautes, malgré la pandémie de Covid-19.

Né en février 2019 d’un immense ras-le-bol des Algériens, le « Hirak » a ébranlé le régime jusqu’à la suspension de ses marches hebdomadaires en raison de la crise sanitaire.

Mais avec le début du déconfinement, le pouvoir craint une reprise des manifestations à travers le pays.

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