Un procureur algérois a requis jeudi deux ans de prison contre trois jeunes militants, dont le « poète du Hirak », le mouvement de contestation antirégime, jugés notamment pour atteinte à l’unité nationale, selon une association de défense de détenus.
« Le tribunal de Bab El Oued a requis deux ans de prison et une amende de 200.000 dinars (1.240 euros environ) à l’encontre des trois détenus », Mohamed Tadjadit (26 ans), Noureddine Khimoud (25 ans) et Abdelhak Ben Rahmani (38 ans), a précisé le Comité national pour la libération des détenus (CNLD) sur sa page Facebook.
Une information confirmée à l’AFP par Me Meriem Kacimi, membre de leur collectif de défense.
Avant leur procès, les trois accusés avaient observé une grève de la faim de dix jours afin de protester contre la prolongation de leur détention provisoire et demander la programmation de leur procès.
Leur état de santé s’était dégradé et ils avaient été transférés de la prison d’El Harrach à l’hôpital Mustapha Pacha à Alger.
Ils se trouvent de nouveau dans le même établissement pénitentiaire à Alger, selon le CNLD.
Le verdict de leur procès est attendu le 21 janvier.
Mohamed Tadjadit et Noureddine Khimoud sont en détention depuis la fin août. Ils ont été interpellés au lendemain de leur participation à un rassemblement antirégime organisé à la Casbah d’Alger.
Abdelhak Ben Rahmani a lui été arrêté début octobre.
Surnommé le « poète du Hirak » pour ses vers déclamés lors des manifestations ou partagés sur Facebook, Mohamed Tadjadit est une figure connue du mouvement né en février 2019.
Condamné fin 2019 pour « atteinte à l’intérêt national », il avait purgé une courte peine de prison avant de bénéficier le 2 janvier 2020 d’une remise en liberté provisoire, en même temps que 75 autres détenus.
Dix chefs d’accusation pèsent sur les trois hommes, dont atteinte à l’unité nationale, incitation à attroupement non armé, offense au président de la République ou encore diffusion de fausses nouvelles, selon le CNLD.
Ces charges sont notamment basées sur leurs messages et vidéos relayés sur les réseaux sociaux.
Près de 90 personnes sont actuellement emprisonnées en Algérie en lien avec les protestations du Hirak et/ou les libertés individuelles. Des poursuites fondées dans au moins 90% des cas sur des publications sur les réseaux sociaux critiques envers les autorités, d’après le CNLD.