Affaire Griveaux: Piotr Pavlenski et Alexandra de Taddeo sous la menace d’une mise en examen
Le Russe Piotr Pavlenski et sa compagne Alexandra de Taddeo vont être présentés à un juge d’instruction mardi et risquent une mise en examen, dans l’affaire des vidéos intimes qui a poussé Benjamin Griveaux à renoncer à briguer la mairie de Paris.
Tous deux avaient été placés en garde à vue ce week-end pour « atteinte à l’intimité de la vie privée » et « diffusion sans l’accord de la personne d’images à caractère sexuel », dans le cadre d’une enquête ouverte samedi à la suite du dépôt d’une plainte contre X de M. Griveaux.
Ces gardes à vue ont pris fin lundi après-midi et une information judiciaire sera ouverte mardi matin, a-t-on appris auprès du parquet de Paris.
La publication de ces vidéos la semaine passée sur un site internet créé ad hoc et devenu depuis inaccessible a été un coup de tonnerre dans la campagne des municipales à Paris: la tête de liste du parti présidentiel, distancée dans les sondages, a jeté l’éponge vendredi matin et Agnès Buzyn a quitté le ministère de la Santé pour lui succéder dimanche.
Réfugié politique en France depuis 2017, M. Pavlenski, 35 ans, a affirmé vendredi être à l’origine de la mise en ligne des vidéos incriminées, assurant vouloir dénoncer l' »hypocrisie » de Benjamin Griveaux.
Ce dernier « a utilisé sa famille en se présentant en icône pour tous les pères et maris de Paris. Il a fait de la propagande des valeurs familiales traditionnelles », a-t-il affirmé.
L’avocat de M. Griveaux, Me Richard Malka, a qualifié cette justification de « grotesque » et dit douter que le Russe, qui se présente comme un artiste, soit le seul responsable de la diffusion des vidéos.
– Imbroglio –
Selon des sources concordantes, c’est sa compagne de 29 ans, placée en garde à vue samedi soir, qui aurait été au départ la destinataire des vidéos en question.
Piotr Pavlenski, condamné en 2019 pour avoir incendié en octobre 2017 une succursale de la Banque de France à Paris lors d’une « performance artistique », avait initialement été interpellé samedi après-midi dans une autre enquête: il est mis en cause pour avoir participé à une rixe dans la soirée du 31 décembre dans un appartement à Paris.
Selon le récit d’un participant à l’AFP, une dispute aurait éclaté entre plusieurs personnes et Piotr Pavlenski, qui se serait saisi d’un couteau dans la cuisine.
Deux des invités ont été blessés avec ce couteau, a rapporté le site d’information Mediapart, qui avait révélé l’existence de cette enquête.
L’avocat et essayiste Juan Branco, qui dit avoir « conseillé » M. Pavlenski sur les vidéos à l’origine du retrait de M. Griveaux, était également présent à cette soirée de réveillon.
Il est lui-même au cœur d’un imbroglio: il a dénoncé le fait de ne pas pouvoir être désigné comme avocat de Piotr Pavlenski dans l’affaire Griveaux, mettant en cause le parquet de Paris.
« Il s’oppose à ce que je représente mon client. Il s’agit d’une atteinte aux droits de la défense inédite, gravissime », a-t-il expliqué dimanche à sa sortie des locaux de la police judiciaire.
Procéduralement, le parquet, ne pouvant le faire seul, doit saisir le bâtonnier s’il souhaite contester la désignation d’un avocat en cas de soupçon de conflit d’intérêts.
Lundi, un rendez-vous a eu lieu entre Juan Branco et le bâtonnier de Paris, Olivier Cousi, et une enquête déontologique a été diligentée.
« En l’état du dossier, je n’ai pas suffisamment d’informations permettant de prendre une décision concernant la poursuite par M. Juan Branco de la défense de M. Pavlenski », a expliqué Me Cousi.
En attendant les résultats de cette enquête, ce sont deux autres avocats qui ont été désignés pour assister l’activiste russe.