#BalanceTonPorc : Khadijatou Mahmoud dénonce son viol par le chef du Polisario, Brahim Ghali
Par Hasna Daoudi
Lors d’une conférence sur les violations des droits de l’homme commis par le Polisario, organisée samedi à Paris par AIDE Fédération, une ONG d’action et d’aide humanitaire, Khadijatou Mahmoud a courageusement pris la parole pour raconter son calvaire et son combat après avoir dénoncé son viol par Brahim Ghali devant les tribunaux espagnols.
Silhouette frêle, voix chevrotante, la jeune femme raconte son agression sexuelle et celles de bien d’autres femmes sahraouies des camps de Tindouf. « Quand on est violé. La famille choisit de se taire par peur des représailles, par honte. Mais si par malheur la femme tombe enceinte, elle est tout de suite jetée en prison jusqu’à son accouchement », s’insurge-t-elle. « Moi, j’ai décidé de dénoncer mon viol malgré l’opposition de ma famille », poursuit Khadijatou, qui vit actuellement à Séville en Espagne où elle a déposé plainte en 2013 devant l’Audience nationale, la plus haute juridiction pénale en Espagne.
Son calvaire commence en 2010. Travaillant comme traductrice au cabinet du « premier ministre » du Polisario, elle est désignée comme accompagnatrice d’une ONG italienne lors d’un « Sahara Marathon » à Tindouf. Pour la remercier, l’ONG l’invite en Italie. Partie chercher son visa au consulat d’Italie à Alger, Khadijatou devait d’abord passer par l’« ambassade » du Polisario à Alger pour obtenir une autorisation de sortie.
« Je me présente à 9 heures du matin mais on me fixe un rendez-vous pour 19:00. J’arrive avec une amie que le concierge refoule à la porte », raconte-t-elle. « Il n’y avait personne. Je passe directement au bureau de Brahim Ghali. Je présente mes documents qu’il met de côté, et commence tout de suite à me toucher en répétant +laisse-moi faire après je te donne le visa, de l’argent. Tout ce que tu veux+. Je crie, je me débats », poursuit la jeune femme les larmes aux yeux, avant d’évoquer son viol d’une voix tremblante. « Il me viole avec une telle brutalité que j’ai commencé à saigner abondamment. Il me jette une Melhfa (habit traditionnel de la femme sahraouie sous forme d’un large bout de tissu qui enveloppe le corps, ndlr). La mienne était souillée ».
« Briser la loi du silence dans les camps de Tindouf »
« J’ai compris par la suite que tout était préparé et qu’il avait l’habitude d’abuser des filles des camps de passage à Alger », dit-elle en colère, dénonçant la complicité de l’Algérie. « Les hauts responsables algériens sont responsables. Ils savent tout ce qui se passe dans les camps de Tindouf qui sont sous leur autorité. C’est eux qui soutiennent le Polisario et ses exactions. »
Bouleversée et en larmes, Khadijatou retrouve son amie devant la porte. Elle sera son témoin plus tard. « J’appelle ma mère au téléphone. Elle m’intime l’ordre de me taire et de régler cela en famille », se remémore la jeune femme avec douleur. Chose qu’elle refuse. Avec le soutien et l’aide de son frère Brahim qui venait de rentrer de Cuba, elle parvient à partir en Espagne en 2013.
« J’ai été accueillie par une famille espagnole que je connaissais depuis 1997. C’était une nouvelle naissance pour moi. J’ai été complètement perdue. J’ai été brisée. Mais J’ai été consolée, épaulée et soutenue par ma nouvelle famille », ajoute-t-elle.
Khadijatou Mahmoud décide alors de porter plainte contre son agresseur, Brahim Ghali, devant l’Audience nationale, la plus haute juridiction pénale en Espagne. Mais elle ne s’arrête pas là. Elle témoigne devant les Nations unies et d’autres tribunes internationales.
« Je l’ai fait pour dénoncer mon violeur et pour encourager les autres femmes de faire de même. Je ne suis pas la seule à avoir été violée. Il faut briser la loi du silence qui règne dans les camps de Tindouf», lance-t-elle dans un sanglot avant de quitter la salle.
Outre la plainte de Khadijatou Mahmoud pour viol, Brahim Ghali est également visé par une plainte pour génocide et actes de torture, déposée en 2012 par l’Association sahraouie de défense des droits de l’homme (ASADEH), basée à Barcelone.
En novembre 2016, le magistrat de l’Audience nationale, José de la Mata, avait émis un mandat de ramener à l’encontre du chef du Polisario, qui devait participer à une conférence de soutien aux séparatistes du Polisario à Barcelone. Brahim Ghali avait alors annulé son déplacement.
Au total, ils sont 28 responsable du Polisario, dont Brahim Ghali, à être poursuivis en Espagne pour crimes, assassinats, disparitions forcées et actes de torture.