Algérie : pas de tapis rouge pour les groupes français
Premier partenaire commercial de l’Algérie, la France ne semble pas vraiment recevoir de traitement privilégié de la part des autorités d’Alger.
Rappelant que Renault, dont les ex-activités avaient été nationalisées après l’indépendance, a négocié pied à pied avec les autorités pour pouvoir installer à Oran, à l’ouest du pays, une usine au départ modeste (350 emplois directs pour 25.000 voitures par an), sans commune mesure avec le « porte-avions » de Tanger (Maroc), fer de lance de sa stratégie d’exportation de modèles low cost vers l’Europe, le journal relève que son lieu d’implantation a fait l’objet de longues tractations, de même que l’exclusivité dont va bénéficier le groupe au losange (trois ans et non les cinq souhaités).
Dans la santé, Sanofi peut lui aussi témoigner de relations ambivalentes avec les autorités algériennes, poursuit le journal, indiquant que le leader local du médicament a certes posé en septembre dernier la première pierre de sa future usine de Sidi Abdellah (70 millions d’euros investis), mais le ministère algérien de la Santé l’a accusé un peu plus tôt de surfacturations sur les produits importés, affaire qui a valu 20 millions d’amendes et un an de prison avec sursis à son directeur général local.
« Affaire toujours devant la justice : nous avons fait appel, et sommes convaincus d’avoir agi en pleine conformité avec la législation algérienne », indique une porte-parole à Paris.
Quant à Bouygues, malgré sa présence notable au Maroc, il reste désespérément à la porte du marché algérien, qu’il a quitté faute de contrats en 2009, souligne encore Les Echos.
« Logements, autoroutes, grande mosquée d’Alger, pour l’instant les grands contrats sourient surtout aux groupes chinois, moins chers, et parfois au mépris de la règle des 51/49 », ajoute-t-il. « Quand ils viennent en Algérie, les investisseurs chinois apportent tout, y compris une main-d’oeuvre formée et pas chère », selon Thierry Pairault, chercheur au CNRS, en faisant référence à un bataillon de 45.000 contractuels chinois.
« Même priorité donnée aux groupes de BTP turcs ou espagnols, avides de contrats de l’autre côté de la Méditerranée », constate Les Echos.