Cette option militaire fut solidement renforcée par la publication à Washington d’un communiqué signé par les Etats-Unis et cinq pays européens, La France, la Grande Bretagne, l’Allemagne, l’Italie, et l’Espagne, dénonçant "les actes barbares" commis par Daech en Libye. Et si les prestigieux signataires n’avaient pas conclu ce communiqué par un " il n’y a pas de solution militaire au conflit en Libye", il était fort possible de penser à une préparation des esprits et des opinions pour une inévitable intervention militaire internationale en Libye.
Cette intervention a donc ses avocats passionnés. Comme l’Espagne et l’Italie dont le ministre des affaires étrangères Paolo Gentiloni vient de lancer une grande alerte sur le devenir de la Libye. Selon lui, les pourparlers politiques libyens sous parapluie onusien, disposent seulement de quelques semaines" pour aboutir, sous peine de voir le pays se transformer de manière durable en une nouvelle Somalie". Pour lui, le enjeux sont clairs si ce dialogue échoue, " "il faudra placer la Libye à l’ordre du jour de la coalition internationale anti-EI.
L’autre pays qui défend mordicus une intervention militaire en Libye est l’Egypte voisine. Le président Abdelfatah al Sissi a toujours considéré le chaos libyen comme une menace vitale pour la stabilité de son pays. Il craint plus que tout d’être pris en sandwich entre deux forces actives de "l’organisation de l’Etat Islamique" l’Une au Sinaï et l’autre à ses frontières avec La Lybie. La complicité qu’il a réussi à établir avec le gouvernent Tobourk et son chef militaire le sulfureux Khalifa Haftar y est pour beaucoup dans la détermination égyptienne.
Mais cette intervention a aussi ses détracteurs emmenés par l’Algérie voisine. L’approche algérienne est basée sur une logique qui se veut imparable. Une intervention militaire internationale sous forme d’un violent coup de pied dans la fourmilière libyen ne peut que créer des conditions de chaos supplémentaires qui risquent de favoriser la prospérité et la mainmise de Daech sur le pays. Comme le Maroc, l’Algérie parie sur le dialogue politique entre les forces antagonistes libyennes dont les rounds de négociations ont réalisé des progressions notoires à Skhirat, près de Rabat, mais sans pour autant parvenir à cet ultime accord qui rassurerait la communauté internationale.
En plus de la menace terroriste qu’elle fait peser sur l’ensemble de la région du Maghreb et du Sahel, la situation en Libye est source d’inquiétudes et d’angoisses pour l’ensemble des pays européens. L’intarissable flux d’immigration qui se dirige vers l’Europe en provenance de la Libye menace d’atteindre des seuils critiques. Le dernier rapport de Frontex, l’agence européenne chargée de protéger les frontières de l’espace Schengen fait état d’un triplement du nombre de réfugiés en Europe pour atteindre le mois dernier le chiffre de 105,700 candidats à l’immigration. La situation est devenue suffisamment grave pour que la chancelière allemande Angela Merkel livre un diagnostic des plus alarmants. Pour elle, le phénomène des réfugiés est beaucoup plus grave que la crise économique grecque ou les dangers qui ont menacé l’Euro.
Cette dramatisation de la part des Européens de la situation en Libye vise certes à exercer une pression supplémentaire sur les négociateurs libyens pour parvenir à un accord qui reconstruirait un pouvoir central en Libye, mais elle vise aussi à préparer les esprits si demain il n’y a d’autres choix que de recourir à l’intervention militaire pour éradiquer Daech en Libye et créer les conditions susceptibles d’arrêter cette hémorragie d’immigrés qui menace la stabilité sociale et politique de l’Europe.