Mobilisation internationale autour de Macron contre la violence en ligne
Emmanuel Macron et la Première ministre néo-zélandaise Jacinda Ardern sonnent la mobilisation contre la violence en ligne en lançant mercredi à Paris « l’appel de Christchurch », deux mois après la diffusion en direct sur Facebook de l’attaque contre des mosquées en Nouvelle-Zélande.
Leur préoccupation commune ? "Demander aux pays et aux grandes entreprises du numérique d’agir contre le terrorisme et l’extrémisme violent en ligne", explique l’Elysée.
Symboliquement, cette réunion débutera par un "karanga", un chant traditionnel maori exprimant la douleur du peuple néo-zélandais après le massacre de 51 musulmans à Christchurch le 15 mars.
Ce drame a provoqué un choc car l’attaque était "conçue pour être virale", explique Jacinda Ardern au Monde. "Facebook, qui a été utilisé comme plateforme pour la diffuser en direct, a tenté de supprimer la vidéo: ils l’ont enlevée 1,5 million de fois. Durant les premières 24 heures, elle a été remise en ligne sur YouTube chaque seconde", selon elle.
Face à un tel phénomène, "nous ne pouvons agir seuls" à l’échelle d’un pays, insiste la Première ministre néo-zélandaise. "Il faut apporter une réponse mondiale à un réseau mondial".
Cette préoccupation rejoignant celle d’Emmanuel Macron, les deux dirigeants ont mis sur pied "l’appel de Christchurch", auquel se joignent une vingtaine de dirigeants et de patrons, dont les Premiers ministres canadien Justin Trudeau, norvégien Erna Solberg ou irlandais Leo Varadkar, ainsi que le vice-président indonésien Jusuf Kalla.
"L’objectif est de se donner des axes de travail pour l’avenir" notamment en terme de "réactivité aux incidents", et de "collaboration" entre les différents acteurs, plateformes, Etats et société civiles, souligne l’Elysée.
Au menu du G7
Cet appel sera lancé à l’occasion du 2e sommet "Tech for Good" initié en 2018 pour débattre de la façon dont les nouvelles technologies peuvent contribuer au bien commun, comme l’éducation et la santé. Emmanuel Macron a convié à dîner quelque 180 responsables du monde numérique comme Jack Ma (Alibaba, l’Amazon chinois), Ken Hu (Huawei), Dara Khosroshahi (Uber), Jimmy Wales (Wikipedia) ou Eric Leandri (Qwant).
Mark Zuckerberg, le patron de Facebook, n’en sera pas, les ayant précédés de quelques jours à l’Elysée, où il a été reçu vendredi par le chef de l’Etat pour évoquer les moyens de lutter contre les contenus haineux.
A contre-courant de bon nombre de grands patrons de la Silicon Valley, Mark Zuckerberg appelle de ses voeux l’intervention des pouvoirs publics dans la régulation des grandes plateformes internet.
Ces discussions interviennent alors que la France planche sur une loi qui obligerait les réseaux sociaux à retirer les contenus signalés dans les 24 heures, sous peine d’une forte amende. Paris souhaite promouvoir une telle régulation au niveau européen.
Emmanuel Macron affiche la volonté "faire de la France le pays qui invente la régulation" de la nouvelle économie, pour "réconcilier la technologie et le bien commun".
C’est dans cet optique que le secrétaire d’Etat au numérique, Cédric O, réunit mercredi ses collègues du G7 pour plancher sur un projet de charte sur les contenus haineux sur internet. La France voudrait le voir aboutir d’ici au sommet des sept pays les plus industrialisés (France, Canada, Allemagne, Etats-Unis, Italie, Japon, Royaume-Uni) en août à Biarritz.
Ces rendez-vous précèdent VivaTech, le grand salon des start-up qui s’ouvre jeudi à la porte de Versailles, où sont attendus plus de 100.000 visiteurs. Emmanuel Macron visitera le salon dans la matinée et sera interviewé par des chefs d’entreprise de la tech.