Attentat de Berlin: l’auteur peut-être encore en fuite
La police de Berlin a indiqué mardi ne pas être certaine qu’un demandeur d’asile pakistanais arrêté soit le conducteur du camion responsable de l’attentat sanglant sur un marché de Noël et appelé les citoyens à la « vigilance ».
Le suspect est "a priori" un Pakistanais arrivé en Allemagne le 31 décembre 2015 par la route des Balkans et "enregistré à Berlin en février" comme demandeur d’asile, a affirmé en milieu de journée à la presse le ministre de l’Intérieur, Thomas de Maizière.
"Il nie le crime. L’enquête se poursuit", a poursuivi M. De Maizière, précisant qu’il n’existait "pour l’instant" aucune revendication de l’organisation Etat islamique.
Mais peu après, le patron de la police berlinoise Klaus Kandt a reconnu qu’il n’était en réalité "pas certain" que l’homme interpellé "soit le chauffeur" du camion meurtrier.
La police a appelé au même moment "à la vigilance" sur Twitter, suggérant que l’auteur de l’attentat est peut-être toujours en fuite.
Une source anonyme au sein de la police berlinoise a indiqué au quotidien Die Welt: "Nous avons le mauvais homme". "Le vrai assaillant est encore en liberté et armé et peut provoquer de nouveaux dégâts", a-t-elle ajouté.
La confusion reste donc très grande au lendemain de l’attentat dans la capitale allemande.
Le suspect a été arrêté peu après les faits, survenus lundi vers 19H00 GMT sur une place très touristique de la capitale allemande, après avoir été poursuivi à pied sur deux kilomètres par un témoin qui guidait la police par téléphone, indique le quotidien Die Welt.
Alors que l’enquête a été confiée au parquet anti-terroriste, la police a mené des perquisitions mardi matin dans l’un des grands centres de réfugiés de Berlin, dans l’ancien aéroport de Tempelhof, rapportent plusieurs médias allemands. Le suspect pourrait y avoir séjourné.
"Ce sont les morts de Merkel!"
Avant que les doutes ne soient émis par la police, Angela Merkel a jugé "particulièrement difficile à supporter" la possible implication d’un demandeur d’asile, alors que les critiques de sa politique d’immigration redoublent.
"Ce sont les morts de Merkel!", a dénoncé l’un des responsables du parti de droite populiste Alternative pour l’Allemagne (AfD), Marcus Pretzell.
"L’Allemagne n’est plus sûre" face "au terrorisme de l’islamisme radical", a renchéri la figure de proue de l’AfD, Frauke Petry, en mettant en cause la décision de la chancelière d’ouvrir les portes du pays à l’été 2015 à près de 900.000 réfugiés fuyant la guerre et la misère. Environ 300.000 supplémentaires sont arrivés en 2016.
Le drame s’est déroulé au pied de l’église du Souvenir, monument phare de l’ouest de la capitale allemande au clocher éventré par les bombardements de la Seconde guerre mondiale. Le camion, pare-brise détruit par les chocs, a été enlevé mardi matin.
En Allemagne, les drapeaux des bâtiments publics ont été mis en berne, une cérémonie du souvenir s’est tenue à 11H00 GMT à la cathédrale Sainte-Hedwige et une minute de silence sera observée mardi et mercredi dans tous les stades de Bundesliga.
Les réactions de solidarité se sont multipliées, de la France aux Etats-Unis, alors que l’Europe est régulièrement la cible d’attentats revendiqués par des groupes jihadistes.
Le drame de Berlin rappelle l’attentat de Nice en France en juillet, lorsqu’un Tunisien avait foncé avec son poids lourd sur la Promenade des Anglais sur près de deux kilomètres. Il avait tué 86 personnes et fait plus de 400 blessés, avant d’être abattu par la police. Cet attentat avait été revendiqué par l’organisation Etat islamique (EI).
L’utilisation de véhicules, notamment de camions, pour foncer dans des foules de "mécréants" et faire le plus de victimes possible est préconisée de longue date par les groupes jihadistes.
L’Allemagne avait été jusqu’ici épargnée par des attaques jihadistes d’ampleur, mais plusieurs attentats islamistes ont été récemment commis par des personnes isolées.
(Avec AFP)