Afghanistan : un député invente le « viol en islam »
Interrogé par une journaliste de « Vice » sur le viol conjugal, un député lui a objecté deux conceptions du viol, avant de menacer de lui faire couper le nez.
La journaliste Isobel Yeung y demande au député Nazir Ahmad Hanafi pourquoi il s’oppose au projet de loi pour l’élimination de la violence contre les femmes. Ce texte a été soumis au vote du Parlement en 2009, mais n’a pas été approuvé en raison de la forte opposition de certains députés. « Lorsqu’un mari viole sa femme, s’agit-il d’une forme de violence conjugale ? D’après vous, qui doit être puni ? Le mari ou la femme ? » demande la journaliste à M. Hanafi, député de la province de Hérat, dans l’ouest de l’Afghanistan, également enseignant en religion islamique dans plusieurs universités et écoles coraniques.
Démenti
« Il existe une forme de viol chez vous et une autre chez nous, en islam », répond-il en dari, l’une des deux langues parlées en Afghanistan. Isobel Yeung tente de le relancer, mais le député l’interrompt puis se tourne vers un groupe d’hommes assis à ses côtés et lance : « Je devrais peut-être vous donner à un homme afghan qui vous coupera le nez. »
La vidéo, largement partagée sur Facebook, a provoqué des réactions outrées, notamment en Afghanistan. « M. le député, vous avez bafoué la dignité du peuple afghan. J’espère que vous subirez la colère d’Allah tout-puissant », a par exemple écrit Mohammad Bashir Haidary. Un autre internaute afghan, Aminullah Farahi, a qualifié l’élu d’« homme dégoûtant ». Face au tollé, M. Hanafi a assuré à Radio Free Europe qu’il n’avait jamais tenu ces propos. « Cette vidéo a été trafiquée et fabriquée de toutes pièces », a-t-il expliqué.
« Peut-être était-ce plus mémorable pour moi que pour lui », a réagi, non sans ironie, la journaliste sur Twitter.
La chute du régime des talibans en 2001 a, certes, marqué un léger progrès pour les femmes, mais le patriarcat reste encore dominant dans ce pays conservateur. En janvier, un Afghan de 25 ans avait ainsi coupé le nez de son épouse après une énième dispute conjugale, dans une région reculée d’Afghanistan.