"Nous pensons qu’introduire les missiles sol-air en Syrie va changer le rapport de forces sur le terrain", a déclaré M. Jubeir à l’hebdomadaire, répondant "oui" à la question de savoir s’il est favorable à la fourniture de telles armes "aux rebelles".
Pour le chef de la diplomatie saoudienne, "cela permettra à l’opposition modérée de neutraliser les hélicoptères et avions qui larguent des produits chimiques et les bombardent", de même que l’introduction de missiles antiaériens avait "modifié les rapports de force en Afghanistan".
Les livraisons américaines de missiles Stinger restent considérées comme un tournant dans le conflit afghan des années 1980, qui avait permis aux moudjahidines de résister à l’occupant russe jusqu’à provoquer son retrait en 1988.
"Il faut étudier soigneusement (une telle option), parce que vous ne voulez pas voir de telles armes tomber dans de mauvaises mains", a cependant nuancé M. Jubeir, allusion à l’arsenal du groupe Etat islamique (EI) puisé en partie auprès d’autres combattants.
"C’est une décision que devra prendre la coalition internationale" anti-EI emmenée par Washington, a insisté le responsable de 54 ans, "ce n’est pas une décision de l’Arabie Saoudite".
A propos de la politique russe en Syrie, il a estimé que le soutien de Moscou au président Bachar al-Assad ne sauverait pas le dirigeant syrien à long terme, réitérant son souhait de le voir démissionner.
"L’autre option est de continuer la guerre, et Bachar al-Assad sera défait", a-t-il jugé.
Interrogé sur la proximité entre l’idéologie de l’Etat islamique et le fondamentalisme wahhabite du royaume saoudien, le responsable a dénoncé une "simplication excessive qui n’a aucun sens".
"Ces gens sont des criminels. Ce sont des psychopathes (…) L’EI est autant une organisation islamique que le Ku Klux Klan en Amérique est une organisation chrétienne", a-t-il estimé.