USA: Les électeurs de l’Alabama aux urnes mardi pour élire leur second sénateur au terme d’une campagne virulente
Les électeurs de l’Etat américain d’Alabama (Sud) se rendront aux urnes mardi pour élire leur second sénateur, en remplacement de Jeff Sessions, nommé ministre de la Justice au début de l’année.
Lâché par l’establishment républicain qui méprise son extrémisme religieux, Roy Moore (70 ans) a toutefois réussi à avoir le soutien du président Donald Trump qui l’a défendu, évoquant le rejet par le candidat des accusations qui pèsent contre lui.
Roy Moore avait, en effet, tout rejeté en bloc et convaincu ses partisans que cette affaire n’était que "fake news" orchestrées par ses ennemis.
Le président américain a également soutenu le candidat républicain lors d’un meeting de campagne vendredi soir dans une ville de Floride frontalière de l’Alabama.
"Nous avons besoin de Roy pour qu’il vote contre l’immigration clandestine, pour une défense plus forte et pour protéger le deuxième amendement (armes à feu, ndlr) et nos valeurs pro-vie (anti-avortement, ndlr)", a dit le président américain dans un message téléphonique enregistré.
"Roy Moore est l’homme qu’il nous faut pour rendre à l’Amérique sa grandeur", a-t-il ajouté.
En Alabama, où Trump remporta 62 % des voix lors de la présidentielle de 2016, une victoire du démocrate serait un événement jamais vu ici depuis 1992. Elle réduirait la majorité républicaine au Sénat de 52 à 51 sièges sur 100.
Mais les sondages ne donnent plus à Roy Moore l’avance décisive qu’il avait avant la publication par le Washington Post des premières accusations de femmes, pour des faits remontant aux années 1970 et 1980, et qu’il nie en bloc.
Moore a été élu deux fois président de la cour suprême de l’Alabama, fonction dont il a été déchu deux fois: la première en 2003 pour avoir refusé de retirer d’un bâtiment judiciaire une statue de deux tonnes en l’honneur des Dix Commandements; la seconde en 2016, après avoir défié la Cour suprême des Etats-Unis en refusant d’appliquer sa décision légalisant le mariage homosexuel.
Pour sa part, Doug Jones, connu pour avoir fait condamner des membres du groupe raciste Ku Klux Klan dans l’incendie mortel d’une église noire à Birmingham, croit en sa chance et multiplie les meetings pour mobiliser la base démocrate, majoritairement noire.
Il s’agit d’une mission quasi impossible, d’autant plus que Jones est favorable au droit à l’avortement, position anathème pour les conservateurs. Face aux Blancs évangéliques (environ la moitié des électeurs), il devra faire le plein chez les Noirs (environ un quart) et rallier au sein même du camp des républicains.
Signe de l’importance de ce scrutin, le candidat démocrate a bénéficié de l’appui de l’ancien président Barack Obama et de l’ancien Vice-président Joe Biden qui ont enregistré des messages pressants en faveur d’une forte participation des électeurs, selon les médias américains.
Dans ces appels appelés "Robocalls", les démocrates évoquent notamment les propos de l’autre sénateur de l’Alabama, le républicain Richard Shelby dans lesquels il affirme que l’Etat mérite quelqu’un mieux que Moore.