Le ministre, qui s’exprimait lors d’une table ronde aux Nations Unies sur "l’Initiative africaine de l’adaptation" visant à mobiliser le soutien en faveur de l’Afrique pour faire face aux effets du changement climatique, a rappelé que l’Initiative Triple A a été lancée sous le leadership du roi Mohammed VI , à l’occasion de la COP 22 et du Sommet de l’action, qui a réuni les chefs d’Etat africains à cette occasion.
Abordant le contexte du lancement de cette initiative, M. Bourita a souligné qu’elle est née du constat que les enjeux de l’agriculture africaine sont peu pris en considération dans les négociations internationales sur le changement climatique et dans l’allocation des fonds climat, relevant que l’Afrique n’a attiré à ce jour que 5 % de l’ensemble des financements liés au climat, avec seulement 4% alloués à l’agriculture, alors qu’il s’agit du continent qui souffre le plus des effets des changements climatiques.
L’Afrique, qui dispose de plus de 65 % des terres arables non cultivées dans le monde, dispose donc d’un potentiel énorme en matière de production, pour nourrir une population qui vraisemblablement doublera à l’horizon 2050, de création d’emplois, de richesses et de revenus, a-t-il soulevé.
Et le ministre de souligner que l’agriculture a un fort potentiel en matière de protection de l’environnement et de la préservation des ressources naturelles, notamment des sols, de l’eau, des forets, de la biodiversité. Elle peut donc jouer un rôle important en matière de lutte contre les changements climatiques.
L’initiative Triple A a pour objectif de renforcer la résilience de l’agriculture africaine au changement climatique, contribuer à la sécurité alimentaire en Afrique, par la promotion des pratiques d’adaptation au changement de climatique, mettre l’Adaptation de l’Agriculture Africaine au cœur des enjeux des négociations sur le climat et obtenir une répartition équitable des fonds climat, a-t-il fait savoir.
Concernant l’impact de cette initiative, le ministre a estimé qu’elle a eu un impact très positif dans la mesure où elle a permis de fédérer les décideurs politiques africains mais également d’autres parties prenantes autour de l’Adaptation de l’Agriculture Africaine.
L’Initiative AAA est soutenue par une coalition multi-parties prenantes, regroupant 33 Etats africains, 10 des principaux bailleurs de fonds multilatéraux et bilatéraux (Banque Mondiale, Fonds Vert pour le Climat, AFD, Banque Africaine de Développement, la FAO, etc.), des organisations privées et non gouvernementales ainsi que la communauté scientifique, ce qui dénote, selon M. Bourita, d’une réelle prise de conscience des enjeux de l’adaptation de l’agriculture et de l’engagement des pays africains dans ce cadre.
Pour le ministre, cette initiative AAA, est non seulement reconnue par l’Union Africaine et par son cadre de référence pour le développement agricole, le Comprehensive Africa Agriculture Development Programme (CAADP), mais elle est aussi considérée comme le volet agricole de l’Initiative pour l’Adaptation en Afrique ("AAI") portée par l’Union Africaine.
Dans ce sens, l’Initiative AAA a permis d’inscrire l’agriculture comme secteur important dans la lutte contre les changements climatiques. Depuis la COP23, a fait observer M. Bourita, l’agriculture est devenue un sujet central des négociations climat : les Parties sont tenues de rendre compte de l’impact du changement climatique sur l’agriculture et de proposer des méthodes d’adaptation, notamment en matière de gestion des sols.
Elle répond à l’appel de l’Accord de Paris sur le changement climatique en aidant les pays africains à concrétiser la mise en œuvre de leurs Contributions Déterminées au niveau National (CDN), a-t-il noté, ajoutant que deux accords ont été signés par l’Initiative AAA afin de développer des projets agricoles résilients au changement climatique au profit de 7 pays africains dans le cadre de la mise en œuvre de leurs CDN.
M. Bourita n’a pas manqué de rappeler qu’un accord a été également signé avec la Banque mondiale d’un montant de 1 000.000 dollars US provenant du gouvernement allemand, ciblant le Maroc, le Mali et la Côte d’Ivoire. Cet accord a permis de lancer, dès novembre 2017, les études d’identification de portefeuilles de projets agricoles résilients au changement climatique au profit de ces trois pays, grâce à une expertise marocaine et internationale.
Un deuxième accord a été signé avec la Banque mondiale et l’Agence Française de Développement d’un montant d’un million d’euros, ciblant 4 autres pays africains, a-t-il poursuivi, soulignant que cet accord permettra de lancer les études d’identification de portefeuilles de projets agricoles résilients au changement climatique au profit de 4 pays africains sur la base de l’expérience acquise au Maroc, au Mali et en Côte d’Ivoire.
Et le ministre d’annoncer que des partenariats stratégiques sont en cours d’identification avec d’autres partenaires au développement de poids sur la scène mondiale qui désirent contribuer à l’action de l’Initiative, ajoutant que la Banque Africaine de Développement (BAD), qui partage la même approche du développement agricole en Afrique que l’Initiative AAA, souhaite devenir le partenaire principal de l’Initiative, à travers un partenariat stratégique par la mise en place d’une facilité financière dédiée.
La Banque Islamique de Développement (BID) souhaite faire de l’Initiative AAA le vecteur de réalisation de ses investissements pour l’agriculture dans les 21 pays africains qu’elle soutient, a-t-il soulevé, ajoutant qu’elle souhaite pouvoir financer le développement de capacités des pays africains à travers l’Initiative AAA.